lundi, février 28, 2005

Lebanon Update.

As I had foreseen just before, the Syrian-backed government has resigned in Lebanon.

The Syrian regime is clearly using Karame as a fuse, much as they used Hussein's half-brother on the Iraqi side. Next on the list of expendable fuses is Emile Lahoud, the president of Lebanon. Lahoud will stay until the elections, in May. After that, who knows what will happen? The Syrians will be there to feel the wind.

This strategy is working: Walid Jumblatt is already calling the demonstrators for appeasement. Clearly, this does not change the ratio of force in the region. As Lebanon enters political instability and no leader is able to rise against Syria, the Syrian regime will go on acting as they please in Lebanon and elsewhere, in Palestine and Iraq.

As a side-note, neo-cons are already pissing in the wind and chanting victory. Do these people ever learn? They still have not understood that, by killing Hariri, Syria has decided to play hard-ball. Bush and Chirac can't live up to the regime that crushed the Muslim brothers' uprising in Hama, this is what Al-Assad means when he says "We are essential for the fight against terrorism". Unless he is promising more terrorism, as in Israel?

Victimes U.S. en Irak: plus nombreuses que le chiffre officiel?

En surfant sur le Web, je vois souvent des publicités pour obtenir une "green card", un permis de séjour et de travail pour les Etats-Unis. Il y a quelques années, cela aurait pu m'intéresser. J'ai vécu aux Etats-Unis et j'ai vainement essayé d'y retourner. Aujourd'hui, les Etats-Unis, un pays que j'ai longtemps aimé, m'inquiètent.

Des informations de plus en plus nombreuses laissent penser que le chiffre officiel des soldats U.S. victimes de la guerre en Irak serait systématiquement minoré.

Tout d'abord, un très grand pourcentage des soldats servant sous le drapeau américain seraient en fait des candidats à l'immigration, provenant d'Amérique Latine, à qui on a promis une "green card". Non seulement les citoyens des pays étrangers ne seraient pas comptabilisés dans le bilan officiel du Pentagone, mais ces victimes seraient même enterrées à-la-va-vite en Irak.

Ensuite, les victimes décédant des suites de leurs blessures en route vers l'Allemagne (où les Américains soignent leurs blessés), en Allemagne-même ou aux Etats-Unis ne seraient pas non plus comptabilisés dans la bilan officiel des "morts en Irak".

Ne sont pas non plus comptés les mercenaires et les "consultants de sécurité" qui défendent souvent les entreprises étrangères.

Enfin, les autorités saisissent toutes sortes de prétextes pour ne pas compter certains blessés et morts parmi les victimes officielles.

Je recommande donc aux "chicken-hawks" français qui lisent ce blog de mettre leurs actes en accord avec leur convictions: engagez-vous dans l'armée américaine et allez servir en Irak! Vous pourrez ainsi demander une "green card" et échapper au socialo-fascisme français, tout en ayant la satisfaction de ne pas embarrasser le Pentagone avec une victime supplémentaire si jamais les terroristes irakiens mettaient un terme à votre vie.

Et puis, toujours pour mettre votre attitude en accord avec vos fantasmes, vous pourriez servir de "mascotte" (si vous voyez ce que je veux dire) aux GIs, contribuant ainsi à réduire le stress du combat.

Le Liban, centre du Monde et pourtant si seul.

Depuis deux semaines, je lis le plus d'informations possibles sur le Liban.

Je suis d'un naturel plutôt pessimiste, mais les choses ne se présentent guère favorablement.

Le leader de la Syrie, Bachar El-Hassad, se livre à un certain nombre de menaces voilées contre Israel et les Etats-Unis: Irak, processus de paix, terrorisme. Il est très clair maintenant que l'assassinat de Hariri n'était qu'une preuve de la force du régime syrien, destinée à exhiber sa capacité de nuisance et à décourager toute velléité, libanaise ou étrangère, de s'opposer à Damas. La Syrie est manifestement déterminée à rester au Liban et ce ne sont pas les rodomontades de Bush ou de Chirac qui y changeront quelque chose.

Il semble que le Hezbollah, qui joue un rôle très important dans la politique libanaise (qui est encore plus complexe que la politique française, c'est dire), s'est rangé aux côtes de la Syrie et de l'Iran, ses bailleurs de fonds.

Les Etats-Unis, impuissants militairement et englués en Irak, se contentent de voeux pieux. Comme je l'ai lu, les Etats-Unis parlent fort mais n'ont plus qu'un tout petit bâton de rien du tout. L'envoyé du gouvernement américain a dû déplacer un rendez-vous avec un leader sunnite, car une "vingtaine" (c'est à dire une demi-douzaine) d'hommes armés s'étaient montrés. Le Liban n'a pas de pétrole et ne présente qu'un intérêt secondaire. Idem pour la France, qui s'en fout de toute façon. Chirac a sans doute passé plus de temps au salon de l'agriculture qu'à Beyrouth. Les manifestations de la Place des Martyrs font 15s (j'exagère, disons 12s) au journal de 20h.

Les sanctions économiques sont d'avance vouées à l'échec. Comment surveiller la frontière Syrienne en Turquie, au Liban et en Irak, dans une région où l'on fait de la contrebande de père en fils?

Les Libanais sont donc seuls.

Soit les manifestations restent pacifiques et elles obtiendront au mieux le départ du gouvernement actuel (qui n'est qu'un fusible pour Damas de toute façon) et un mince retrait de quelques soldats syriens. Le gouvernement sera bien vite remplacé par un autre, peut-être moins accomodant pour Damas au début mais qui n'aura pas les moyens (notamment militaires) de s'opposer durablement au "grand frère" syrien.

Soit les choses dégénèrent (affrontements avec le Hezbollah, échauffourrées, etc...) et les Libanais obtiendront à peu près la même chose, avec quelques centaines (ou milliers) de morts en plus et un vrai risque du retour de la guerre.

Bref, la situation est, au mieux, grippée et, au pire, en voie de dégénérescence. L'espoir est mince. Personnellement, je n'en vois pas.

mercredi, février 23, 2005

Néo-con ou con tout court.

Les néo-cons étalent à nouveau leur manque chronique d'intelligence et de finesse. Je viens de lire sur Instapundit.com:


DEMOCRACY IN LEBANON: Jim Geraghty notices
Lebanese crediting the U.S. invasion of Iraq for jump-starting interest in
liberating Lebanon from Syrian influence:
"It's strange for me to say it,
but this process of change has started because of the American invasion of
Iraq," explains Jumblatt. "I was cynical about Iraq. But when I saw the Iraqi
people voting three weeks ago, 8 million of them, it was the start of a new Arab
world." Jumblatt says this spark of democratic revolt is spreading. "The Syrian
people, the Egyptian people, all say that something is changing. The Berlin Wall
has fallen. We can see it."
Those damn idealistic neo-cons. Don't they
realize that Arabs don't care about democracy?


Les néo-conservateurs ne comprennent décidément rien à la rhétorique du Moyen-Orient. Mais peut-être ne comprennent-ils plus leur propre langue? Si, comme Glenn Reynolds le prétend, Jumblatt avait voulu mettre son opposition à l'occupation syrienne au crédit de l'invasion américaine de l'Irak, il aurait utilisé le terme "thanks to" (grâce à) plutôt que "because of" (à cause de). Il est plus vraisemblable que Walid Jumblatt a voulu dire deux choses:

1. Les élections en Irak ont permis au shiites majoritaires (Walid Jumblatt est druze, donc proche des shiites) de prendre le pouvoir et aux Irakiens en général de démontrer leur opposition à l 'occupation américaine (puisque le candidat soutenu par les USA a recueilli seulement 14% des voix). En d'autres termes, pour Walid Jumblatt, il est sorti une bonne chose des élections en Irak, c'est de montrer que les Arabes peuvent se mobiliser en masse et s'emprare du pouvoir,

2. Les Libanais peuvent donc s'opposer pacifiquement à l'occupation syrienne, comme les Irakiens s'opposent pacifiquement aux Américains (et comme les Egyptiens s'opposent de plus en plus à leur gouvernement, soutenu par les Etats-Unis, mais sans doute Glenn Reynolds l'ignore-t-il)

Voici quelques autres déclarations du même personnage, au sujet de l'intervention américaine en Irak, ici et ici:

"Nous sommes tous heureux quand un soldat américain est tué."

"La chute d'un Juif, civil ou militaire, est une grande réussite."

Au sujet de l'attentat du 26 octobre 2003 contre Paul Wolfowitz: "Nous espérons que, la prochaine fois, les roquettes seront plus précises et élimineront ce virus [Paul Wolfowitz] et tous ceux qui amènent la corruption dans le monde arabe."

Même s'il le voulait vraiment (ce qui n'est pas le cas!), jamais Walid Jumblatt, qui est aussi Libanais, ne pourrait ouvertement chanter les louanges de l'intervention américaine en Irak.

Ci-gît la démocratie.

Je viens de lire ce commentaire de Mark Steyn sur la visite de Bush en Europe, qui se conclut par: "ce soir, nous portons nos toasts à la mort d'une idée: l'Ouest".

Mark Steyn n'a pas tort: l'Ouest est mort. Les tentatives désespérées des Etats-Unis pour maintenir l'Ouest en vie, en agitant le spectre d'Al Qaeda, de la tyrannie dans le monde arabe, en Chine ou ailleurs, sont donc un peu ridicules. Car enfin, l'Ouest est mort il y a 15 ans déjà, en même temps que son pire ennemi, l'Est. Non seulement le cadavre de l'Ouest ne sera ressuscité, mais il est même grand temps de l'enterrer car il commence sérieusement à grouiller d'asticots.

L'Ouest était un mot codé pour désigner les démocraties occidentales, toutes plus ou moins membres de l'OTAN, en fait les Etats-Unis et l'Europe de l'Ouest. L'Ouest et l'Est sont nés en 1945 à Yalta, lorsque les super-puissances de l'époque se partagèrent l'Europe et le Monde.

A l'Est, le communisme stalinien, qui dégénéra en communisme sclérosé puis en communisme moribond. Dès les années 80, les vieillards leaders de l'URSS (qui se souvient du bondissant Brejnev, de l'inénarrable Tchernenko et du jovial Andropov?) étaient en meilleure santé que le système qu'ils dirigeaient. Gorbatchev, arrivé au pouvoir en 1985, crût pouvoir rajeunir le mourant. Seulement, à 68 ans, il est un peu tard pour se mettre au jogging.

A l'Ouest, la démocratie, disons libérale aux Etats-Unis et sociale en Europe. Un système fait d'élections "libres" (pas trop truquées et avec une chance raisonnable pour le commun des mortels de pouvoir y voter et s'y présenter et de se prétendre ainsi citoyen ou politicien), de partis politiques (financés par les grandes entreprises aux Etats-Unis et par les états en Europe), de libertés encadrées par la loi de la majorité.

Il résulta de cet équilibre des super-puissances une raison pour chaque bloc de se maintenir et de se développer.

Je doute que l'Est aurait pu prolonger son agonie si longtemps s'il n'y avait eu une perspective de guerre avec l'Ouest. Vers 1985 (année ou j'obtenai mon bac), je me souviens avoir vu un reportage sur l'URSS. C'était une espèce de micro-trottoir géant en Russie, qui avait demandé moult autorisations officielles pour être réalisé, et je fus surpris d'une chose: les citoyens soviétiques, pris au hasard dans la rue en train de faire leur marché, voulaient la paix et croyaient que c'étaient les Américains les méchants qui voulaient les attaquer. Le ver était déjà dans le fruit: malgré la menace impérialiste, les soviétiques continuaient à faire leur marché.

De l'autre côté, à l'Ouest, combien de fois la menace des chars soviétiques à Paris n'a-t-elle pas été brandie? J'ai encore un livre humoristique publié en 1984, sorte de petit guide à l'usage des collaborateurs avec l'occupation de l'Armée Rouge, qui serait forcément différente de l'occupation allemande et pour laquelle les Français, spécialistes de la collaboration, ne pourraient évidemment pas appliquer leurs vieilles recettes. Dans ma ville, les communistes du PCF avaient pour habitude de truquer les élections afin de se maintenir au pouvoir. Les décennies 60, 70 et 80 marquèrent pour la France une forte progression de l'influence de l'état en matière économique. Ne fallait-il pas accroître le pouvoir de l'état, seul garant de la démocratie? Les partis politiques et syndicats français purent enfin brasser les millions de francs versés par l'état, "pour promouvoir le pluralisme politique essentiel à la démocratie".

Dans les années 1980, Reagan et sa "révolution conservatrice" renforcèrent l'emprise de l'état sur la société civile (en lançant la "guerre contre la drogue" par exemple), tout en "libéralisant" l'économie (en fait, elle se libéra toute seule lorsque Reagan diminua les impôts). Les partis politiques américains pouvaient enfin brasser les millions de dollars que les entreprises leur versaient, en échange de menus services une fois arrivés au pouvoir.

A l'Ouest, les étatistes avaient augmenté le débit de leurs pompes à phynances et c'est bien cela qui compte finalement.

En 1990-91, l'Est s'effondre. Logiquement, il aurait fallu achever l'Ouest tout de suite. L'état démocratique n'est alors plus nécessaire et nous aurions pu fort bien nous en passer. Mais, les gouvernements agitent alors de nouveaux épouvantails. Sinon, il y avait un risque réel que les citoyens finissent par ouvrir les yeux sur la corruption massive de leurs états "démocratiques", qui s'incarne si bien dans la trinité trafic d'armes, trafic de drogue et trafic d'influence.

De ce point de vue, il faut bien reconnaître que George W. Bush est un génie. Avoir réussi à transformer quelques centaines d'agités religieux, armés de cutters et de kalashnikov, en "danger pour la démocratie et la liberté" alors qu'ils causent moins de morts que les voitures ou les hamburgers, il fallait quand même le faire. Après avoir triomphé des millions de soldats des hordes communistes, équipées d'armes de destruction massive, voilà que la démocratie est mise en danger par quelques pachtouns faméliques et quelques Arabes illuminés! Vite, aux armes citoyens, formez vos bataillons et dépèchez-vous un peu de servir de chair à canon en Afghanistan, en Irak et dans toute la région.

Mais tout le monde ne le suit pas dans cette nouvelle croisade. La division entre démocratie "libérale" (au service des grandes entreprises contributrices des partis politiques) et démocratie "sociale" (au service du socialisme) se révèle. En Europe, le nouvel épouvantail brandi par les étatistes pour conserveur leur pouvoir a pour nom "inégalités", "chômage", "précarité", "OGM". Et pour terrasser ce nouveau danger, il faut l'euro et la constitution européenne, qui sont les chefs-d'oeuvre de la démocratie européenne: une institutionnalisation des techniques de corruption de l'état démocratique.

Ne nous y trompons pas, ces deux épouvantails ont été fabriqués par ceux-là mêmes qui s'en servent.

Aux Etats-Unis, si le gouvernement américain n'était pas, depuis des années, une extension du pouvoir pétrolier, le 11 septembre 2001 n'aurait pas eu lieu.

En Europe, si les socialistes ne ponctionnaient pas dans les poches des citoyens 40% de ce qu'ils gagnent (en moyenne), le chômage, la précarité et les inégalités n'existeraient pas et les entreprises n'auraient pas besoin de booster leur productivité comme elles tentent de le faire.

Pour ma part, je veux porter un toast à la mort d'une idée: la "démocratie occidentale". En tuant la poule aux oeufs d'or qui la nourrissait, elle s'est tuée elle-même.

Mais l'agonie ne fait que commencer.

mardi, février 22, 2005

Bush est-il libéral (II)?

Il est établi maintenant, du mois je l'espère, que George W. Bush n'est pas libéral en matière philosophique et politique: allié des intégristes religieux, opposé à l'avortement, partisan de l'interventionnisme de l'état (p.ex. en Irak), en faveur de la "guerre contre la drogue", il est globalement conservateur.

Mais, du moins les étatistes français l'espèrent, George W. est libéral économique, n'est-ce pas? N'est-il pas au service des multinationales américaines, surtout pétrolières? Ne ponctue-t-il pas chaque phrase de ses discours d'un puissant "freedom"? Ne promeut-il pas le libre-échange, en Amérique du Sud, en Afrique et au Moyen-Orient? N'a-t-il pas refusé de signer le protocole de Kyoto, cette merveille de l'écologie? Dites-nous que l'on pourra s'en servir comme d'un repoussoir pour montrer à quel point le libéralisme économique est une calamité!

Hé bien, effectivement George Bush, comme beaucoup de politiciens, récupère à son profit les bonnes idées du libéralisme: la liberté économique, le capitalisme et le libre-échange sont vus positivement par beaucoup d'Américains donc Bush les brandit comme un slogan électoral. A l'opposé, l'interventionnisme étatique, l'économie planifiée et le dirigisme, symbolisés par le protocole de Kyoto, sont impopulaires donc George W. Bush s'y prétend opposé. En quelque sorte, il s'agit là d'une version américaine de la démagogie qui a cours en France.

En France, le capitalisme, le libre-échange et la liberté économique sont considérés avec méfiance, voire avec haine pour l'extrême-gauche et l'extrême-droite, soit au moins 30% de la population. A contrario, l'intervention de l'état dans l'économie, présentée sous la forme de droits des salariés, de promotion des services publics à la française, de nationalisations compétitives et d'organisation jacobine de l'état se sont imposées dans l'opinion. Les hommes politiques français surfent sur cette méfiance envers le libéralisme économique, il est donc normal qu'ils entretiennent cette phobie. De fait, tout ce qui est fait par Bush est automatiquement qualifié de libéral. Toute mesure impopulaire prise par le gouvernement en place est qualifiée de libérale par l'opposition. Cette propagande permanente finit par établir l'égalité "libéralisme économique = mal".

Bizarrement, dans les autres domaines de la vie (culture, moeurs, distractions, loisirs, etc...), non seulement les idées du libéralisme sont populaires mais elles sont même indispensables. La liberté d'expression, l'une des premières exigences du libéralisme, est vitale pour tous: peu de citoyens ont envie de voir l'état planifier, diriger ou intervenir dans ces domaines. La censure est, fort justement de mon point de vue, décriée. Ne nous moquons-nous pas de ces pauvres Américains qui poussent des cris d'orfraie lorsqu'une chanteuse (noire de surcroît) montre subrepticement un bout de sein?

En résumé, Bush est libéral économique mais anti-libéral dans les autres domaines, tandis que nous les Français, nous sommes libéraux dans tous les domaines, sauf pour l'économie. En tout cas, c'est l'idée que nous aimons entretenir.

Il faut casser ce mythe.

Il est vrai que les Etats-Unis ont encore une économie globalement plus libre que la notre: ils sont 12ème dans le classement de la liberté économique alors que la France y est seulement 44ème. Mais l'arrivée de Bush correspond à un véritable retour en force aux Etats-Unis des théories économiqes dirigistes.

Voici quelques-une des réalisations de Bush, depuis son arrivée à la Maison Blanche en 2001:
-renforcement du protectionnisme américain, notamment pour l'acier et l'agriculture,
-interventionnisme de l'état en faveur du pétrole, par l'attaque de l'Irak et par le refus de laisser le marché libre jouer son rôle en ce domaine,
-augmentation des aides sociales distribuées par les organisations religieuses,
-augmentation massive des subventions à l'agriculture, surtout envers les plus gros producteurs,
-augmentation des dépenses publiques dans à peu près tous les domaines. En fait, Bush est le président américain qui a le plus augmenté les dépenses fédérales au moins depuis Nixon,
-régulation et interventionnisme contre la pollution, aides massives de l'état pour développer la voiture propre par la Freedom Car Initiative,
-augmentation des déficits publics et relance keynésienne,
-baisse massive des taux d'intérêt à court terme, bien en dessous des taux du marché, afin d'entretenir la consommation et d'éviter la crise économique.

Toutes ces interventions de l'état fédéral, dans à peu près tous les domaines économiques ont un coût: les Etats-Unis sont passés de la 10ème à la 12ème place dans le classement de la liberté économique. Leur croissance est très forte mais il ne s'agit-là que du résultat de l'accroissement des dépenses publiques et des déficits. En d'autres termes, il s'agit d'une croissance obtenue par l'augmentation fictive de la consommation (le rêve des étatistes français), consommation financée par l'emprunt et qui ne pourra se maintenir sur le long terme. Lorsqu'il faudra rembourser tous ces emprunts, non seulement la croissance s'évanouira mais il y aura même une crise économique majeure. Comme les Américains ont gagé leurs maisons pour financer leur frénésie de consommation et n'ont aucune épargne de protection, il y a un gros risque d'une crise de l'immobilier. A la relance keynésienne, Bush a ajouté la création par l'état d'une bulle de consommation qui ne demande qu'à exploser.

En tout cas, une chose est sûre, George W. Bush n'est certainement pas un vrai libéral économique, sinon la position des Etats-Unis n'aurait pas reculé dans l'index de la liberté économique. En fait, Bush n'est partisan de la liberté économique que lorsqu'elle lui permet de donner des avantages aux multinationales pétrolières qui le soutiennent ou lorsque les Etats-Unis peuvent conquérir de nouvelles parts de marché.

Pour le reste, il n'y aucun doute queBush est un étatiste de droite, fort comparable à la clique au pouvoir en France en ce moment-même.

Grève à Orly.

Les employés d'Air France à Orly se sont mis en grève pour protester contre la mise à pied d'un employé accusé par la direction d'avoir causé la mort d'une hôtesse, tombée d'une passerelle le 1er février. L'employé en question n'aurait pas respecté les consignes de sécurité. Une enquête est en cours et cet employé a été convoqué, pour un entretien préalable à licenciement.

Si les grévistes protestaient contre la mort de cette infortunée hôtesse, cette grève, à défaut d'être légale, aurait pu être légitime. Mais il est évident qu'il s'agit-là de défendre des intérêts corporatistes, en remettant en cause le "pouvoir économique" de la direction d'Air France.

La mise à pied d'un potentiel coupable d'homicide est une mesure conservatoire destinée à éviter que sa négligence se reproduise. Elle est donc, tant moralement que légalement, parfaitement justifiée. La liberté d'Air France stipule que la direction peut parfaitement mettre un terme immédiat et sans donner aucune raison à un contrat de travail, pourvu que les termes du contrat soient respectés. Du point de vue moral, n'est-il pas normal d'empêcher un négligent de commettre d'autres erreurs du même acabit?

Cette grève n'a pour but que de tenter de renverser le droit car, si la direction d'Air France finit par plier, sa liberté aura été niée au profit d'un nouveau "droit" (entre guillemets car complètement fantaisiste vis-à-vis de la théorie libérale), le "droit du salarié au travail rémunéré, éternel et à volonté".

Je ne déraisonne pas. En parallèle, une autre entreprise, sous le contrôle d'un groupe italien, a organisé un lock-out, c'est à dire refuse de payer les salaires et de permettre aux employés de pénétrer dans les locaux. Encore une application stricte de son droit de propriété: les locaux et son compte en banque lui appartiennent. Pourtant, on a pu entendre un délégué syndical affirmer au journal de 20h "cela fait 34 ans que je travaille ici, je pense que je suis plus propriétaire de l'entreprise que les Italiens".

Quand je vous disais que la nouvelle théorie en vogue est que "plus on travaille longtemps quelque part, plus on a droit d'y travailler encore plus longtemps et même plus on en devient le propriétaire", vous voyez bien que je ne plaisantais pas.

Analysons un peu la situation. Pendant 34 ans, ce monsieur s'est rendu tous les jours à son travail, en échange de la promesse d'être payé une certaine somme chaque mois (son salaire). Si l'entreprise n'avait pas rempli ses obligations contractuelles (par exemple en ne payant pas son salaire), il aurait effectivement le droit de protester et d'ester en justice. Seulement voilà, tous les deux, lui comme l'entreprise, ont rempli leur part du contrat.

Je doute que le contrat de travail de ce monsieur précise que chaque mois, il devient propriétaire d'un petit morceau de l'entreprise où il travaille. Par conséquent, son affirmation doit être prise avec la même considération que si la direction de cette entreprise affirmait: "pendant 34 ans, nous avons payé à ce monsieur une certaine somme d'argent chaque mois, par conséquent tout ce qu'il a payé avec cet argent nous appartient: sa maison, sa voiture, ses vêtements, etc...". C'est à dire par une bonne et franche rigolade devant tant d'outrecuidance.

lundi, février 21, 2005

Elections en Irak et attaque de l'Iran.

Comme je le pensais, il semble bien que les Américains aient manipulé les élections irakiennes, faisant passer le score de la liste soutenue par l'ayatollah Sistani de 56 à 48%. C'est Scott Ritter qui le dit et on peut lui faire confiance, dans la mesure où il avait déjà prévu qu'on ne trouverait pas d'armes de destruction massive en Irak.

Le but de cette manipulation serait bien évidemment de réduire l'influence des shiites dissidents et de donner une importance plus grande à Allawi, la marionnette des Etats-Unis, qui pourra jouer le rôle de charnière. D'ailleurs, ce dernier vient d'annoncer sa candidature au poste de premier ministre.

Le gouvernement américain a l'expérience des petites manipulations électorales. Je reste convaincu que Bush a été réélu grâce à une manipulation des votes en Ohio et en Floride. C'est la seule explication au décalage entre les résultats officiels et les sondages de sortie des urnes, qui sont normalement très proches des résultats finaux. D'ailleurs, un tel décalage fut considéré comme une preuve, en Ukraine, que le pouvoir en place avait truqué les élections.

A part cela, Scott Ritter (décidément un personnage bien sympathique) a confirmé l'intention de Bush de frapper l'Iran, conjointement avec Israel, en juin. Une rumeur faisait état de frappes en février, mais il est possible que des opérations psychologiques aient déjà commencé.

Si c'est vrai, cela prouve que l'administration américaine a vraiment perdu les pédales et que la réelection de Bush lui est montée à la tête. L'Iran, avec son pétrole et ses 70 millions d'habitants ne va pas se laisser faire aussi facilement que l'Irak, divisé et affaibli par des années d'embargo. D'ailleurs, l'administration américaine se méprend (à dessein?) sur la nature du régime iranien en le faisant passer pour une dictature, alors que c'est plutôt une ploutocratie, tout-à-fait comparable avec les autres régimes que les Etats-Unis soutiennent dans la région (Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, etc...).

Il est de plus en plus évident que le but des Etats-Unis n'est pas d'instaurer la démocratie au Moyen-Orient mais de déstabiliser les ennemis d'Israel et d'installer dans les pays pétroliers des régimes amis, quitte à ce qu'ils ne soient guère "démocratiques".

Le promeneur du champ de ruines.

Ces derniers temps, il est sorti un film qui raconte les derniers jours du leader d'un grand pays européen, qu'il dirigea pendant plus de 10 ans après avoir été amené démocratiquement au pouvoir par un peuple las de la crise économique et du régime précédent. Ce leader avait su lever, au sein des couches les plus populaires de son peuple, un espoir fou, un espoir de changement de politique en faveur des ouvriers, des prolétaires, bref des petits.

Dans ce film, l'acteur principal fait une composition époustouflante, rendant parfaitement l'apparence physique, les tics, les pensées du personnage qu'il joue. Le film se concentre sur les derniers temps de sa vie et, à vrai dire, ne décrit pas les méfaits du système politique que ce personnage imposa à son pays, une forme particulièrement vicieuse de socialisme.

Bien entendu, la polémique a enflé. Ce film ne va-t-il pas contribuer à rendre ce personnage sympathique? Le film est-il véridique et ne fait-il pas un peu trop l'impasse sur les résultats catastrophiques de sa politique?

En tout cas, j'ai l'intention de voir ce film dès que possible. "Le Promeneur du Champ de Mars"? Non, c'est de "La Chute" que je veux parler, bien entendu. Je n'ai aucune intention de payer pour aller voir une hagiographie financée par l'argent public (cf Canard Enchaîné du 9 février 2005) et j'attendrai qu'il passe sur Arte ou sur France 2 (en zappant les commentaires élogieux des socialistes de service, cela va sans dire).

dimanche, février 20, 2005

Attentats du 11 septembre.

S'il y a une excuse qui revient sans arrêt dans la bouche des Américains, c'est bien celle des attentats du 11 septembre. Beaucoup d'Américains ont vécu le 11 septembre comme un nouveau Pearl Harbor, qui justifie toutes les actions offensives de l'état, en Afghanistan, en Irak et maintenant en Syrie ou en Iran. Le drapeau américain hissé par les Américains sur la statue de Saddam n'était-il pas celui qui flottait sur l'une des deux tours du World Trade Center (WTC)?

Pourtant, s'il y a bien une chose que nous apprennent les attentats du 11 septembre, c'est que l'état américain fut, au mieux, incapable de défendre ses citoyens.

Quelques semaines avant le 11 septembre 2001, le 6 août, George W. Bush reçoit un mémo intitulé "Ben Laden déterminé à frapper sur le sol des Etats-Unis". Ce mémo d'une page et demie (donc à la portée d'un président qui n'est guère réputé pour ses qualités de lecteur) faisait état de menaces sérieuses et d'enquêtes du FBI et de la CIA sur de possibles actes de terrorisme, notamment des détournements d'avion. Zacharias Moussaoui, le Français actuellement détenu aux Etats-Unis, fut arrêté alors qu'il s'entraînait au pilotage d'avions. Il était sans doute le 20ème terroriste du 11 septembre. Aucun de ces signes annonciateurs ne fut pris en compte. Bush partit pour 5 semaines de vacances dans son ranch de Crawford, les plus longues jamais prises par un président américain.

A un tel niveau de négligence, de deux choses l'une:
-soit le gouvernement américain de l'époque était totalement incompétent et on ne peut pas absolûment pas lui faire confiance pour la sécurité du peuple américain. Toutes les opérations militaires menées par la suite par la même équipe dirigeante, prétendûment destinées à la défense des Américains, n'auraient pas dû avoir lieu,
-soit les autorités américaines ont laissé sciemment passer ces avertissements, afin que d'éventuels actes de terrorisme puissent avoir lieu. Le but étant bien évidemment de tirer un avantage politique de cette nouvelle situation.

Je privilégie nettement la seconde hypothèse. Je suis convaincu que l'on ne nous dit pas toute la vérité sur les actes de terrorisme du 11 septembre et je pense même que les autorités américaines ont peut-être aggravé ces actes de terrorisme afin de pouvoir les utiliser à leurs propres fins.

Sur les attentats, parmi les nombreuses théories du complot que l'on peut trouver sur Internet (généralement totalement fumeuses, telle celle de Thierry Meyssan), j'ai été particulièrement sensible à deux éléments tout-à-fait surprenants:
-l'effondrement des deux tours du WTC est suspect. Il est anormal que les structures en acier des deux tours jumelles se soient complètement effondrées,
-la sécurité du président Bush est restée de longues minutes sans réagir, alors que la présence du président Bush dans l'école élémentaire où il se trouvait avait été annoncée dans les journaux.

Examinons ces deux informations. Je précise que j'ai une formation d'ingénieur et que je me suis rapidement rendu compte, par exemple, que la théorie de Meyssan au sujet d'un missile sur le Pentagon ne tient pas la route.

Les structures des deux tours du World Trade Center étaient constituées de poutres métalliques, enrobées de béton armé. La théorie officielle veut que les incendies déclenchés par les flammes de combustion du kérozène ont provoqué une forte élévation de température et l'affaiblissement des structures métalliques. Je veux bien imaginer que l'acier est affaibli par la chaleur, mais comment expliquer que la totalité de la structure se soit effondrée? Dans d'autres cas d'incendie dans des tours à structure métallique, dont un récemment à Madrid, les incendies ont manifestement été bien plus sérieux qu'au WTC et pourtant les structures métalliques internes sont restées debout. Il aurait normalement dû rester au moins une partie de la structure, pourtant les deux tours se sont totalement effondrées, jusqu'au niveau zéro.

Concernant les enregistements sismographiques des deux effondrements, l'explication récente de Popular Mechanics n'est guère convaincante. On nous dit que les ondes sismisques sont faibles au début puis s'amplifient au fur et à mesure que les débris touchent le sol:

The seismic waves--blue for the South Tower, red for the North Tower--start
small and then escalate as the buildings rumble to the ground. Translation: no
bombs.

Pourtant, il suffit de regarder les graphiques pour constater que cette description ne correspond pas du tout à ce que nous voyons: si les ondes sismiques sont effectivement faibles au début, elles deviennent soudainement très fortes puis restent à peu près constantes avant de s'éteindre pour la tour sud (courbe bleue), tandis qu'elles deviennent brutalement fortes une première fois, puis encore plus fortes une seconde fois dans le cas de la tour nord (courbe rouge).

Pour comprendre que l'explication de Popular Mechanics ne tient pas la route, il faut penser que les ondes sismiques se propagent dans le sol. Seuls les chocs sur le sol ou sur les structures des deux tours (qui sont plantées dans le sol bien évidemment) provoquent des ondes sismiques. Si la théorie officielle était exacte, on devrait effectivement avoir des ondes sismiques très faibles s'amplifier au fur et à mesure que la masse de débris arrache les étages inférieurs à la structure métallique (donc devient de plus en plus grande), puis des ondes sismiques encore plus grandes lorsque les débris atteignent le sol en masse compacte. Ce n'est pas ce que nous voyons: nous voyons une série de vibrations très importantes apparaître puis disparaître brutalement et durer environ 7s dans les deux cas, suivies d'ondes moins fortes pour quelques secondes.

Or l'effondrement des deux tours n'a pas pu durer moins de 9s, qui est le temps de chute libre pour une hauteur de 400m (exercice laissé au lecteur). Il semble donc bien que l'énergie sismique dégagée par l'effondrement des deux tours ait été plus importante au début qu'à la fin de l'effondrement (ce qui est d'ailleurs corroboré par des enregistrements effectués avec une précision moindre), ce qui tend à prouver que des explosions ont eu lieu dans la structure métallique au début de l'effondrement.

Passons maintenant à la seconde bizarrerie de ce jour-là: comme le remarque Michael Moore dans son documentaire Fahrenheit 911, Bush est resté de longues minutes (apparemment 8mn) sans bouger dans l'école élémentaire Booker, alors même que l'attaque sur la seconde tour lui avait annoncée. Michael Moore attribue cet immobilisme à l'incompétence de Bush. Cela peut se discuter. Mais quelque chose d'autre est remarquable: que les services de sécurité n'aient pas fait le maximum pour protéger Bush, dont la présence à cet endroit précis était pourtant annoncée dans les journaux locaux et nationaux. La ville de Sarasota a un aéroport et des terroristes auraient pu détourner un avion de ligne et le lancer sur l'école en question. N'est-il pas bizarre que, dans les quelques minutes qui ont suivi l'annonce du choc sur la seconde tour, les gardes du corps n'aient rien fait pour mettre Bush à l'abri?

Il y a d'autres événements bizarres au sujet de ces attaques terroristes. Par exemple, le passeport de Mohammed Atta fut retrouvé dans les décombres du WTC dans les jours suivants. C'est tout de même une coincidence extraordinaire que l'on retrouve si rapidement dans des milliers de tonnes de gravats le passeport du chef du commando terroriste .

S'agissant d'un gouvernement qui a été si manipulateur pour pouvoir déclencher sa guerre en Irak, je suis enclin à penser qu'il a pu nous manipuler avant. Il est maintenant à peu près établi que le régime nazi avait connaissance anticipée de l'incendie du Reichstag et a laissé l'incendiaire, un communiste détraqué, le commettre afin de justifier sa politique répressive.

En tout cas, les documents déclassés de la C.I.A. au sujet de projets d'assassinat de Fidel Castro ou de justifications pour une intervention à Cuba prouvent que l'état américain est un des plus machiavéliques qui ait jamais existé.

samedi, février 19, 2005

Et si le pétrole était libre?

Hé bien, si le pétrole était libre, le réchauffement climatique serait bien moins grave et le protocole de Kyoto ne serait pas nécessaire.

Beaucoup de libéraux (surtout les pseudo-libéraux pro-Américains) nient l'existence du réchauffement climatique et l'intérêt du protocole de Kyoto, en montant en épingle tout élément opposé à la théorie du réchauffement climatique, par exemple une température très basse en hiver. Ils montrent ainsi qu'ils sont plus anti-écolos que vraiment libéraux et donc pas beaucoup plus sérieux que leurs adversaires.

Je suis effectivement d'accord que le protocole de Kyoto est inutile voire nuisible. Le protocole de Kyoto est pour les écolos ce que la guerre en Irak est pour les néo-conservateurs américains. En se limitant à une baisse de quelques pourcents des émissions de CO2, le protocole de Kyoto ne fera, au mieux, que retarder de quelques années l'augmentation de la température moyenne. Tout en se traduisant par une perte significative de liberté.

Pourtant, je suis convaincu de l'existence du "réchauffement climatique", en fait d'un changement climatique majeur dû à l'émission de gaz à effet de serre. Il est néanmoins exact que les spécialistes, qui ont déjà du mal à prévoir le temps à quelques jours de distance, ne savent pas prédire comment le climat va évoluer. Suivant les régions, ce réchauffement pourra se manifester par une baisse de la température moyenne en hiver et une hausse en été. Par exemple en Europe, le Gulf Stream joue un rôle dans la température moyenne. S'il y a réchauffement global, le Gulf Stream passerait plus au nord et la température moyenne en Europe continentale baissera.

Ce que je veux montrer dans cet article, c'est que le pétrole est sous le contrôle des états et que cette situation amène une forte consommation d'essence. En résumé, l'état agit en favorisant sa vision à court-terme faite de surconsommation, afin de maximiser son poids et ses revenus. Si le pétrole était vendu sur un marché libre, non seulement nous en consommerions beaucoup moins mais nous aurions peut-être déjà inventé la voiture propre.

Un marché libre se définit comme un marché sur lequel les prix et les quantités échangées sont négociées librement par les vendeurs (propriétaires) et les acheteurs (consommateurs). Le marché libre est une vue de l'esprit car l'état intervient à peu près sur tous les marchés, par exemple en instaurant des taxes (la TVA provoque une augmentation généralisée des prix), des prix minimum, en interdisant de vendre à perte, etc...

En ce qui concerne le marché du pétrole, l'état intervient de plusieurs façons.

1. Les états des pays consommant beaucoup de pétrole, en particulier l'état américain, ont favorisé l'implantation, à la tête des états producteurs de pétrole, notamment l'Arabie Saoudite, de dirigeants amis qui, en échange de la protection des pays occidentaux et d'énormes commissions sur les ventes de pétrole, vendent le pétrole brut à prix cassé. Sur les liens entre le régime américain et le régime saoudien, je recommande la lecture du dernier livre de Robert Baer, ancien de la C.I.A., qui établit la véritable osmose entre le gouvernement américain et les princes saoudiens.

2. Certains états des pays consommant beaucoup de pétrole lévent des impôts directs sur les carburants. La France et les pays européens imposent des taxes énormes sur les carburants vendus à la pompe. La TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers) et autres taxes représentent 75% du prix de vente, soit environ 80 centimes d'euros par litre et 24 milliards d'euros en tout,

3. D'autres états, surtout les Etats-Unis, lèvent des impôts indirects, pour financer leur armée déployée autour du Golfe. Ces déploiements ont pour but de menacer les régimes pétrolifères ennemis (Syrie, Iran) et de protéger les régimes pétroliers amis (Arabie Saoudite, U.A.E., etc...). Ces impôts représentent un surcoût de plusieurs dollars par gallon qui, en toute logique, devraient être ajoutés au prix de vente de l'essence. Le coût total d'un gallon d'essence est donc aux alentours de $5, alors qu'il est vendu $2 à la pompe. Vous pouvez remarquer que ce prix total est à peu près le même que le prix de vente en Europe (un gallon faisant à peu près 3,7 litres). C'est en fait le prix que les consommateurs seraient prêts à payer pour l'essence à la pompe si on supprimait l'intervention de l'état (et les impôts qui vont avec).

La question est maintenant de savoir comment le prix du pétrole brut évoluerait si l'état cessait d'intervenir sur le marché pétrolier. Il est évident que ce prix augmenterait fortement. En effet, le pétrole n'est pas un produit comme les autres: son marché ressemble à celui de la drogue, la rareté du pétrole (ressource non-renouvelable) jouant le même effet que la rareté de la drogue due à l'interdiction par l'état (encore une intervention de l'état, mais c'est une autre histoire).

Du côté de l'offre, aujourd'hui, on ne sait pas fabriquer d'équivalent, sinon à un coût bien plus élevé. Les bio-carburants ont des coûts de production de l'ordre de 1,5 euros par litre, contre quelques centimes pour l'extraction, le raffinage et le transport d'un litre de brut saoudien. La concurrence indirecte est donc faible, voire inexistante. En outre, la quantité de pétrole brut est géographiquement limitée, ce qui réduit la concurrence directe à quelques pays dans le monde.

Quant à elle, la demande est très forte, en forte augmentation et surtout, l'ensemble des économies et agricultures des pays développés dépendent du pétrole, pour les carburants, les plastiques et les engrais. Il n'y a pas, à ce jour, de solution alternative: nous sommes drogués au pétrole, c'est un fait.

Imaginez un peu que vous soyez propriétaire d'un champ de pétrole, en Irak ou en Arabie Saoudite. Vous connaissez votre coût d'extraction, qui est de l'ordre de $1/baril pour du brut irakien. Vous savez donc que la concurrence se limite aux autres extracteurs de pétrole (rares) et aux bio-carburants (chers). Si vous voyagez en France, vous constatez que les consommateurs sont prêts à payer au moins 1,1 euro par litre, puisque c'est le prix à la pompe. Si, en bon capitaliste, vous cherchez à maximiser votre profit, vous allez faire en sorte d'extraire le moins de pétrole possible (pour faire durer votre réserve le plus longtemps possible) tout en le vendant le plus cher possible. En face de vous, les consommateurs sont drogués à votre produit et n'ont pas les moyens de faire pression sur vous (souvenez-vous que nous faisons l'hypothèse que l'état n'intervient pas: pas de porte-avions américains, pas de troupes armées que nous pouvons déployer dans la région). Il est évident que le prix de vente du brut atteindrait au minimum 1 euro par litre soit 150 euros par baril.

Peut-être même auriez-vous intérêt à vous coordonner avec les autres producteurs. En effet, une réduction de 20% de la production globale entraînerait une forte hausse (de largement plus de 20%!) de vos prix. Vos profits augmenteraient et votre capacité de production serait plus durable.

En fait, je pense que le prix du pétrole brut augmenterait pour atteindre à peu près celui des bio-carburants (en tenant compte des frais de transport et de raffinage), soit environ 1,5 euros par litre et donc plus de 200 euros par baril! En effet, les bio-carburants sont les seuls concurrents du pétrole connus et les concurrents ont tendance à s'aligner sur les prix.

Vous pensez qu'une "culbute" de $1 à 200 euros/baril est absurde? Renseignez-vous donc sur les culbutes que font les trafiquants de drogue! Le prix de vente de la drogue aux consommateurs accros est plus de 1000 fois plus élevé que le côût de production du produit (la différence étant absorbée par les pertes, les intermédiaires, les marges énormes, les frais de blanchiment, bref les nécessités d'un trafic illégal).

Vous vous demandez pourquoi les propriétaires de champs de pétrole ne font pas grimper les prix à ce niveau aujourd'hui? Tout simplement parce que les dirigeants des pays producteurs ne sont pas les légitimes propriétaires des champs de pétrole. En Arabie Saoudite (20% de la production mondiale), la famille régnante s'est emparée des champs de pétrole par la force et se maintient au pouvoir avec l'aide du gouvernement américain. A chaque augmentation du prix du pétrole, sous la pression américaine, les dirigeants de l'Arabie Saoudite ont augmenté leurs propres quotas de production, faisant redescendre le prix du brut à des valeurs raisonnables. Pourtant, s'ils étaient propriétaires, leur intérêt serait de laisser les prix s'envoler.

Il est donc vraisemblable que, si l'état n'intervenait pas sur le marché du pétrole, l'essence serait plus chère, nous en consommerions moins, nous en aurions marre d'être pris pour des gogos par les Arabes (alors que c'est le contraire aujourd'hui) et nous ferions beaucoup plus pour nous débarrasser de notre addiction.

J'ajoute que si Ben Laden passait plus de temps à compter ses pétro-dollars, il en passerait peut-être moins à lancer des avions contre le WTC. L'augmentation du prix du brut est une de ses revendications.

La solution au réchauffement climatique et au terrorisme ne passe donc pas par le protocole de Kyoto ou l'intervention américaine en Irak mais par l'arrêt de l'interventionnisme de l'état.

Pétrole irakien

Je voudrais revenir un peu plus longuement sur l'article de François-René Rideau (Faré dans la suite), voulant démontrer que la guerre en Irak n'a pas pour but de mettre la main sur le pétrole irakien. Cet article collectionne les erreurs, tant sur les faits que dans la logique du raisonnement. Ce sera l'occasion de comprendre un peu mieux les principes du libéralisme et d'introduire ma théorie sur le pétrole et le réchauffement dû à l'effet de serre.

Tout d'abord, Faré précise que son article fait suite à des déclarations de certains qui pensent que "la guerre en Irak est un prétexte pour s'emparer du pétrole Irakien". Fort bien, je suis en grande partie d'accord avec cette dernière phrase. Mais, en fait, l'article de Faré n'y répond pas du tout car il s'intéresse seulement au rapport coût/bénéfices de cette opération.

Il y a là une première erreur, extrêmement grossière, de logique.

En effet, Faré raisonne comme si le seul intérêt du pétrole est dans l'argent qu'il rapporte. Or le pétrole a bien d'autres usages que le profit des compagnies pétrolières. Il sert aussi de carburant pour les transports, de produit de base pour les engrais et les matières plastiques et on ne lui connaît pas, aujourd'hui, d'équivalent au même coût. Par conséquent, si elle était privée de pétrole, l'économie américaine, qui en est la première consommatrice, serait en grande difficulté, subissant un préjudice bien plus grave que le coût de l'intervention. Un point de croissance perdu, ce sont 100 milliards de dollars en moins. Le pétrole joue, en quelque sorte, le rôle de catalyseur de l'économie américaine. Autrement dit, les Etats-Unis se retrouvent dans la situation d'un drogué qui, pour acheter quelques doses de son poison, brutalise une vieille dame pour lui prendre son sac. Le préjudice subi par la vieille dame est bien plus grand que le coût de la drogue. Si l'on suit le raisonnement de Faré, on en déduirait qu'aucun drogué n'a jamais brutalisé personne pour lui voler de quoi acheter sa dose.

La seconde erreur que commet Faré, légèrement moins grossière, est de ne s'intéresser qu'au profit des compagnies pétrolières. On peut effectivement gagner beaucoup d'argent en vendant le pétrole irakien. Mais il y a une autre façon de gagner de l'argent avec le pétrole irakien. On peut aussi l'acheter moins cher que prévu. En d'autres termes, on fait des économies en forçant les Irakiens à le vendre moins cher que le prix qu'ils auraient consentis s'ils avaient décidé librement. J'affirme que, si le marché du pétrole était libre (sans intervention des états, notamment occidentaux), le prix du pétrole brut serait bien plus élevé que les $50/baril que nous payons aujourd'hui. Il serait sans doute 3 ou 4 fois plus élevé, aux alentours de $150/baril. J'aurai l'occasion d'y revenir, la démonstration de cette théorie est en fait est extrêmement aisée.

La troisième erreur que commet Faré est dans la transposition des chiffres américains vers l'Irak. Or, si les prix de vente sont à peu près les mêmes, les coûts d'extraction du pétrole américain n'ont rien à voir avec ceux du pétrole irakien. La pétrole américain a déjà passé son pic d'Hubbert, la limite au-delà de laquelle l'extraction devient de plus en plus difficile. Et les coûts de main d'oeuvre américain sont bien plus élevés qu'en Irak. En fait, le coût d'extraction du pétrole irakien est aux alentours de $1/baril ce qui permet d'escompter, pour une production de 2,5 millions de barils/jour et un prix de vente moyen de $45, un bénéfice par an de plus de 35 milliards de dollars, et non pas 12 milliards comme le pense Faré. D'après les chiffres que j'ai pu entendre, le coût de l'occupation américaine en Irak est de 2.5 milliards de dollars par mois, soit 30 milliards par an environ. La conclusion de Faré est donc fausse.

La quatrième erreur est d'analyser les chiffres du pétrole dans le futur en se basant sur les chiffres du passé. Or le prix du baril a considérablement augmenté récemment (passant en quelques mois de $25/baril à plus de $45), notamment à cause de l'augmentation de la consommation des Chinois. Je suis intimement persuadé que le gouvernement américain a décidé la guerre en Irak en partie parce qu'il sait que les réserves mondiales sont surestimées, que le prix du brut ne peut plus qu'augmenter et que les Etats-Unis doivent utiliser leur force militaire pour contrôler les dernières réserves mondiales de pétrole brut à coût réduit.

Enfin, la cinquième et dernière erreur est, comme je l'avais déjà signalé, de ne pas se rendre compte que le coût de l'occupation ne sort pas de la même poche que celle où vont les profits des compagnies pétrolières, ce qui rend le calcul du rapport coût/bénéfices complètement idiot. Si l'on appliquait le raisonnement de Faré au loto, on en conclurait que personne n'y joue jamais.

La propriété intellectuelle.

Parmi les débats qui agitent le landerneau mondial en général et qui divisent les libéraux en particulier, figure le problème de la propriété intellectuelle.

Il y a quelques mois, j'ai eu le plaisir de débattre de ce sujet avec Mickaël Mithra, de la Page Libérale. Ce blog prétend être libéral mais penche nettement à droite, en donnant dans l'atlantisme le plus naïf et l'anti-immigration. Mickaël Mithra doit y être le seul vrai libéral.
En tout cas, voici un résumé de mes arguments lors de cette discussion sur la question de la propriété intellectuelle.

Tout d'abord, il faut distinguer la "propriété intellectuelle" proprement dite du "code de la propriété intellectuelle", qui est un ensemble de lois instaurées par les états. De la même façon que les lois régissant la propriété sont distinctes du problème philosophique de la propriété, je m'occupe ici uniquement du problème philosophique de la propriété intellectuelle (ou de l'information), plus précisément je veux déterminer si la propriété de l'information existe ou pas: a-t-on le droit de revendiquer la propriété d'une information? En second lieu seulement, nous pourrions (dans un nouveau message) examiner comment on pourrait inscrire dans la loi la propriété de l'information.

Par conséquent, gardez à l'esprit que, dans ce message, toute objection du type "oui, mais l'état limite la propriété intellectuelle à 25 ans seulement dans le cas des brevets" est irrecevable. Peu importe ce que fait ou ne fait pas l'état, cela n'a pas d'influence sur la nature de la propriété de l'information.

Pour couper court à tout suspense, je précise que je suis convaincu de l'existence de la propriété intellectuelle, contrairement à Mickaël Mithra qui soutient que l'on ne peut être propriétaire que d'objets matériels.

Lors de notre discussion, j'avais pris comme définition de la propriété la définition même qu'en donne Mickaël Mithra:


Tous les droits sont des droits de propriété d'une personne sur une ressource aliénable.
3-1- Chaque personne détient les droits de propriété sur ce qui est sous le contrôle direct et exclusif de sa conscience.3-2- Tout autre droit de propriété naît du premier usage conscient de ressources aliénables sur lesquelles aucun droit de propriété n'existe.
Le mot important dans cette définition est "aliénable". "Aliénable" est un concept juridique qui signifie "que l'on peut créer, détruire et transmettre intégralement". Cela s'applique notamment aux objets matériels: une pomme (pour reprendre l'exemple donné par Mickaël) a été créée, peut être détruite et donnée à quelqu'un d'autre. En revanche, Mickaël Mithra remarque, fort justement, que les concepts (c'est à dire des idées contenues dans l'esprit humain) sont inaliénables:

3-2 Les concepts sont inaliénables (on ne peut pas les détruire et ils sont
universellement consommables). Notamment, les droits de "propriété
intellectuelle" n'existent pas.


En effet, on ne peut pas détruire un concept. Par exemple, il n'est pas possible de détruire l'idée que le ciel est bleu. Mais, là où Mickaël Mithra se trompe, c'est qu'il en déduit l'inexistence des droits de propriété intellectuelle. Il est d'avis que toute information est inaliénable.

Je vais m'attacher ici à démontrer que certaines informations (en fait une infinité) sont effectivement aliénables: on peut les créer, les détruire et les transmettre intégralement sans en conserver de copie.

Prenons l'information numérique, qui est souvent à la base des problèmes de propriété intellectuelle de nos jours (par exemple le téléchargement de musique). J'appelle information numérique (ou message pour faire plus court) toute suite ordonnée de 0 et de 1. Bien entendu, chaque élément de l'information est un bit. Notez bien que, pour Mickaël Mithra, comme les concepts 0 et 1 sont inaliénables, une information numérique ne peut pas faire l'objet de propriété. En fait, ce qui est important dans l'information numérique n'est pas qu'elle est composée de 0 et de 1 (qui ne sont que des symboles), mais la façon dont ces 0 et ces 1 sont arrangés entre eux. La longueur d'une information numérique est tout simplement le nombre de symboles utilisés pour l'écrire.

La théorie de l'information, que j'ai étudiée il y a longtemps, vient à ma rescousse. Elle permet de faire intervenir les notions de compression et de complexité de l'information numérique, que je définis ainsi:
-j'appelle compression tout procédé permettant de reconstituer fidèlement, intégralement et en un temps fini (les spécialistes diraient "par un algorithme"), une information numérique (appelé message initial) à partir d'une autre information numérique. Dans ce cas, on dit que le second message est obtenu par compression du message initial. Généralement, la compression a pour but de gagner de la place, mais pour ce que je veux en faire, cela n'est pas nécessaire,
-j'appelle complexité d'une information numérique la plus petite longueur de toutes les informations numériques obtenues par sa compression.

Il faut noter, et cela est plutôt désespérant (mais que voulez-vous, le monde est terrible), que l'on ne sait pas calculer la complexité d'une information numérique. Tout ce que l'on peut en dire, c'est qu'elle est inférieure ou égale à la longueur, puisque tout message est bien évidemment sa propre compression. La théorie de l'information dit néanmoins qu'un message "au hasard" (c'est à dire ou chaque 0 ou 1 est tiré à pile ou face) a généralement une complexité très grande alors qu'un message consistant par exemple en une longue suite de 1 peut être comprimée en quelques bits seulement.

Je dis que toute information numérique suffisamment complexe est aliénable. Je ne me prononce pas sur le seuil au-delà duquel la complexité d'une information numérique la rend aliénable (puisque que la complexité ne peut pas être calculée, quel intérêt de toute façon?). Par contre, je pense que ce seuil est très bas, sans doute pas plus de quelques centaines.

Je puis par exemple tirer 1024 fois de suite à pile ou face et noter en séquence sur un papier 0 pour pile et 1 pour face ou bien créer un message de 1024 bits à ma guise. Un tel message de 1024 bits est très probablement aliénable. En effet, je l'ai créé par mon activité, je peux le détruire en détruisant le papier sur lequel il est noté et je peux le transmettre intégralement en transmettant ce papier. Quelle est la probabilité qu'il existe déjà quelque part avant que je l'ai écrit? Si je détruis le papier, quelle est la probabilité que le message qu'il contenait soit recréé un jour? Ces probabilités sont extraordinairement faibles. Il y a 1,8 x 10^308 (18 suivi de 307 zéros!) messages différents de 1024 bits. En demandant à tous les ordinateurs de l'univers (qui sont moins de 10^80, qui est le nombre de particules dans l'univers connu) d'énumérer tous les messages de 1024 bits possibles à la vitesse de 10^100 messages par seconde (ce qui excède de très loin la capacité de l'ordinateur le plus rapide à ce jour), il faudra encore des milliards de milliards de milliards de milliards de fois l'âge de l'univers (environ 10^15 s) avant d'espérer retomber dessus. L'immense majorité des messages de 1024 bits sont donc aliénables: personne n'en possède une copie avant qu'ils soient écrits et il faudrait des ressources énormes et en tout cas un temps très long avant de les reconstituer s'ils sont détruits.

Cela correspond d'ailleurs à mon crédo libéral: la plupart des oeuvres de l'esprit appartiennent à leur créateur, à celui qui a travaillé pour les produire. Essayez de tirer 1024 fois à pile ou face, vous m'en direz des nouvelles. Une autre définition du droit de propriété y correspond tout-à-fait:

Les biens auxquels un homme a droit sont toutes les choses qu’il a su se
procurer par une activité honnête (travail, commerce, troc, héritage, don,
etc…), c’est à dire respectueuse de la personne physique, des libertés et des
biens des autres hommes.


Néanmoins, mis devant cette démonstration, certains pseudo-libéraux de la Page Libérale ont contesté la propriété de l'information. En effet, m'ont-ils dit, on ne peut posséder que des ressources rares. Seuls les objets matériels sont des ressources rares. L'information, notamment numérique, peut être dupliquée virtuellement à volonté, donc n'est pas rare. Cette idée est exprimée de façon la plus précise par Mickaël Mithra, qui me signale l'existence de "l'axiome d'exclusion de Hoppe".

Pour simplifier, l'axiome d'exclusion de Hoppe stipule qu'un bien ne peut pas être consommé par plusieurs personnes en même temps. Deux personnes peuvent manger deux pommes différentes, mais on ne peut pas manger une pomme sans porter préjudice à son propriétaire, qui s'en trouve privé. Alors qu'on peut utiliser une information numérique sans porter préjudice à son propriétaire, tout simplement en en faisant une copie exacte (ce qui est très facile). On retrouve l'argument classique du pirate: "en copiant, je ne fais de mal à personne".

Ma réponse à cette objection fut plutôt confuse, je le reconnais. J'ai notamment essayé, fort maladroitement, de faire comprendre à mes adversaires que nous vivons dans l'espace-temps et pas simplement dans l'espace, en prenant l'exemple suivant: un cambrioleur peut pénétrer dans votre appartement pendant que vous n'y êtes pas et l'utiliser sans vous porter préjudice. Pourtant, vous n'avez pas forcément envie de savoir que quelqu'un se promène chez vous quand vous n'y êtes pas. L'axiome de Hoppe n'est pas valable dans l'espace-temps.

A la réflexion, je pense toujours que ces arguments sur la rareté des objets matériels et l'axiome de Hoppe ne sont pas recevables, pour plusieurs raisons:
-l'axiome de Hoppe n'est pas mentionné par Mickaël Mithra dans sa définition de la propriété. Mickaël Mithra change les définitions comme cela l'arrange,
-l'information numérique, si elle est suffisamment complexe, est effectivement rare. Comme je l'ai expliqué, tant qu'elle n'est pas copiée, une nouvelle information numérique n'existe qu'en un seul exemplaire. Elle n'est pas non plus "universellement consommable" (pour reprendre le jargon de Mickaël Mithra) car les ressources nécessaires à son stockage sont en quantité finie dans l'univers,
-votre droit de propriété n'est pas lésé quand vous subissez un préjudice physique, mais lorsque votre droit d'usage est lésé, c'est à dire quand quelqu'un se sert de votre propriété d'une manière non conforme à votre volonté. Par exemple, le cambriolage n'est pas punissable seulement si on vous vole ou abime votre appartement mais parce que quelqu'un s'est introduit chez vous sans votre accord,
-à ma connaissance, l'axiome de Hoppe prend sa source dans la justification de l'état pour administrer la propriété des "Commons": il faut que quelqu'un soit propriétaire d'un terrain afin qu'il produise des richesses, alors que si on laisse n'importe qui se servir d'un terrain sans que personne ne l'entretienne (s'il n'appartient à personne), les ressources consommées seront perdues pour les autres. Bref, c'est une objection de type utilitariste et étatique.

D'ailleurs la propriété d'objets matériels est indissociable de la propriété d'une certaine quantité d'informations: une pomme est-elle toujours intéressante pour son propriétaire si elle est écrasée par terre? Quand vous possédez un appartement, vous possédez aussi l'espace qui est à l'intérieur. En fait la matière ne consiste pas seulement en des atomes mais aussi dans un certain arrangement de ces atomes entre eux, donc la distinction entre objets matériels et objets intellectuels est arbitraire.

Pour finir, je suis donc d'avis que la propriété de l'information répond aux mêmes règles que la propriété des objets matériels: on est propriétaire de tout bien aliénable que l'on obtient par son travail, les dons que l'on reçoit et les échanges conclus librement, pourvu que l'on respecte les droits d'autrui. La propriété est le droit d'utiliser une ressource aliénable comme on le souhaite, pourvu que l'on respecte les droits d'autrui.

vendredi, février 18, 2005

Le problème, c'est l'état.

Je parcours souvent le site suivant: www.jp-petit.com oeuvre d'un directeur de recherche au CNRS et qui donne un avis d'un très haut niveau scientifique sur nombre de problèmes scientifiques, politiques et économiques. J'ai déjà eu l'occasion d'exprimer mon désaccord avec certaines de ses idées scientifiques, néanmoins je recommande chaudement ce site, ne serait-ce que parce que Jean-Pierre Petit donne et applique à lui-même un conseil inestimable: "pensez par vous-même".

Malgré cela, je ne suis pas non plus d'accord avec certaines thèses politiques de Jean-Pierre Petit. C'est sans doute un ancien communiste, cela se ressent par exemple dans cet article. Il y dénonce le fait que les "puissances d'argent" se sont emparées du pouvoir au sein de l'état américain. Les mêmes puissances, déjà derrière la "mondialisation néo-libérale", seraient aussi à l'oeuvre en France, bien entendu.

Pour comprendre ce que Jean-Pierre Petit veut dire, on peut penser aux Nazis. Lorsque les puissances de suprématie raciale prirent le pouvoir en Allemagne, le résultat fut évidemment horrible. Jean-Pierre Petit pense que c'est la nature de l'idéologie au pouvoir qui provoque, lorsqu'elle est délétère, des atrocités. Le pouvoir de l'argent est néfaste, c'est un crédo typique des communistes. Une idéologie généreuse au pouvoir n'aurait pas les mêmes effets. D'ailleurs Jean-Pierre Petit encourage ses lecteurs à agir pour reprendre le pouvoir aux puissances d'argent qui l'ont confisqué.

Malheureusement, j'ai bien peur que le remède qu'il propose soit aussi horrible que le mal qu'il dénonce.

Ce que Jean-Pierre Petit ne comprend pas, c'est que le problème n'est pas dans l'existence des puissances d'argent ou le développement d'idéologies délétères. Le problème n'est pas non plus que des puissances ou des idéologies, quelles qu'elles soient, veuillent s'emparer du pouvoir car c'est dans la nature des idées de vouloir être appliquées. Le problème, c'est l'existence même du pouvoir politique, que je définis comme la capacité de contraindre les êtres humains à agir contre leur volonté ou, plus généralement, le pouvoir de priver les êtres humains de leurs droits (dont la liberté).

Pour comprendre pourquoi Jean-Pierre Petit a tort, il suffit de constater que lorsque les idéologies socialistes exercent le pouvoir politique dans le bloc soviétique, en Chine, en Corée du Nord ou ailleurs, le résultat n'est guère brillant non plus. Peut-être que, mis devant ce fait, comme la plupart des communistes, Jean-Pierre Petit se retrancherait derrière le sempiternel "en URSS, ce n'était par vraiment l'idéal communiste". Mais alors comment explique-t-il que tous les pays communistes, sans aucune exception, sont devenus des dictatures? Curieuse idéologie qui n'engendre jamais que sa propre perversion.

Pour ma part, je n'ai aucun doute que si l'idéologie alter-mondialiste ou toute autre idéologie, aussi généreuse fût-elle, prenait le pouvoir politique, le résultat finirait par être tout aussi horrible qu'avec les idéologies nazies ou les "puissances d'argent". Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Ces atrocités (goulag, holocauste, famines organisées, purges politiques, etc...) ne sont pas uniquement le résultat de l'idéologie ou de l'idéologue qui exerce le pouvoir. Adolf Hitler et les Nazis auraient eu le plus grand mal à exterminer 6 millions de Juifs s'il n'avaient pas eu la puissance de l'état allemand nazifié à leur disposition. George W. Bush, Halliburton et autres profiteurs n'auraient pas envahi l'Irak s'ils avaient dû financer l'opération eux-mêmes. Staline n'aurait pas exterminé des millions de koulaks sans l'appareil répressif communiste. Seul le fait que l'état a le pouvoir d'obliger les citoyens à payer des impôts ou à obéir aux ordres a permis ces atrocités. En d'autres termes, les crimes que l'on impute aux idéologies ne sont en fait que l'amplification du pouvoir politique, la négation des droits poussée à l'extrême.

Pour ma part, je suis réaliste. Les "puissances d'argent" (entreprises multinationales), les idéologies de suprématie raciale, de socialisme, d'alter-mondialisme ou autres (religieuses, scientistes...) existeront toujours. On ne peut pas tuer des idées, aussi nauséabondes fussent-elles. Il ne sert à rien de réformer le pouvoir politique car cela équivaut à le confier à une idéologie différente. La seule solution raisonnable d'empêcher les idéologies ou les puissances d'argent de nuire est de supprimer le pouvoir politique purement et simplement.

jeudi, février 17, 2005

Etatisme de droite ou de gauche, c'est le même.

Je regarde en ce moment-même le débat entre Dominique Strauss-Kahn et Hervé Gaymard.

Gaymard a commencé son intervention par se justifier au sujet de son appartement de fonction, qu'il vient de quitter afin d'éviter toute polémique. Mazerolle a alors demandé à Strauss-Kahn s'il a un commentaire à faire. Je me suis posé la question: Strauss-Kahn est-il une crapule hypocrite ou bien a-t-il encore un peu de décence? J'obtiens bien vite ma réponse. Strauss-Kahn se permet de faire remarquer à Gaymard qu'il aurait dû s'interroger sur le montant du loyer ("10 fois le montant du SMIC") bien avant. Strauss-Kahn est donc bel et bien un hypocrite de la pire espèce.

Souvenez-vous qu'après avoir quitté ses fonctions de ministre de la République, Dominique Strauss-Kahn s'est fait payer 600 000F (soit plus de 90 000 euros) en tant que consultant, pour le rachat de la MNEF par la Compagnie Générale des Eaux. Il fut blanchi par la justice de l'accusation d'emploi fictif: les factures correpondant à cette prestation avaient pu être anti-datées, mais la justice a établi que cette prestation était réelle et Strauss-Kahn n'a donc pas enfreint la loi. La loi permet donc a un ancien ministre de faire fructifier son carnet d'adresses et de gagner 600 000F en aidant des structures publiques. Combien de prestations de ce type Strauss-Kahn s'est-il fait payer? Les smicards ou les consultants indépendants qui doivent se battre avec la TVA et l'URSSAF après avoir facturé 200 ou 300 euros par jour de prestation apprécieront.

A part cela, Gaymard "en tant que gaulliste" s'est dit partisan d'un nouvel accord de Grenelle sur les salaires, prouvant ainsi qu'il est un étatiste de droite. Puis il a tenté de faire passer Strauss-Kahn pour un "économiste libéral", ce qui fut un grand moment comique car jusque-là Strauss-Kahn n'avait fait qu'énoncer des idées de nouvelles interventions de l'état dans l'économie: en matière de contrôle des loyers, de protection contre les délocalisations, etc... Bien évidemment, Strauss-Kahn n'est pas tombé dans le piège et a rejeté cette accusation insultante, sans pour autant tomber laisser Gaymard le traiter d'étatiste. Strauss-Kahn a eu cette grande phrase: "je ne suis pas étatiste, mais je suis quand même partisan de promouvoir la collectivité et la solidarité par l'intervention du gouvernement", ce qui revient à dire "je ne suis pas partisan de la chasse, mais je suis quand même pour l'élimination à coup de fusil du maximum d'animaux nuisibles."

Alors, quel étatisme préférez-vous: celui des appartements de fonction à 14 000 euros par mois ou celui des prestation de consultant à 600 000F? Dites-vous bien que seul le nom des profiteurs change.

Attentat à Beyrouth

Je sors de mes thèmes habituels pour m'interroger sur l'attentat ayant causé la mort de Rafic Hariri, ancien premier ministre libanais.

Il est probable que le gouvernement syrien (ou des élements à l'intérieur du gouvernement syrien) est derrière cet attentat, avec deux objectifs: abattre l'opposition libanaise, qui demande le départ de la Syrie, et prévenir la France et les Etats-Unis qu'ils sont impuissants à faire fléchir la détermination syrienne. Ni la France (bien trop faible), ni les Etats-Unis (englués en Irak) ni l'ONU n'ont la capacité de faire appliquer la résolution 1559.

En résumé, la Syrie a décidé de jouer les fortes têtes. Son alliance avec l'Iran et la Russie le prouve également. Tout cela n'annonce rien de bon pour la région.

lundi, février 14, 2005

Pseudo-libéraux et guerre en Irak (II)

Mon message sur les libéraux en faveur de la guerre en Irak peut paraître violent. Mais, que voulez-vous, j'en avais marre d'entendre tous ces enfoirés revendiquer le monopole de la défense de la liberté, traiter tous les opposants à cette guerre d'anti-américains, d'anti-sémites, de gauchistes attardés, de partisans du terrorisme, etc... Les ayant déjà confrontés en direct, je puis vous confirmer que ce sont quasiment tous des "chicken-hawks" sans aucune consistance et que leurs positions fortes en faveur de la liberté ne sont que des rodomontades.

A l'occasion de ce message, au-delà des invectives, j'espère avoir démontré comment le socialisme, la dictature et le totalitarisme naissent de la perversion de principes généreux tels que la non-agression, la solidarité ou l'égalité des droits. On agresse pour empêcher une agression, on enchaîne pour promouvoir la solidarité, on tue pour libérer, tels sont les ressorts des idéologies qui infestent le monde.

Morceaux de ton nom.

Belle Phénicienne, tes cheveux sont pour moi
Les rais de lumière d'une comète rousse.
Ils m'ouvrent et me transpercent,
Comme une épée qui plonge dans un coeur.

Belle Orientale, ton corps et tes bras
Ont la douceur d'un monde plein de promesses.
Ils me serrent. Ce sont des chaînes
Que la distance et le temps ne rompent pas.

Belle Lectrice, tes yeux ont l'éclat
D'une étoile double qui scintille dans la nuit.
Ils se plissent et brillent quand tu ris
Je me perds lorsqu'ils se détournent.

Belle Libanaise, je ne peux écrire ton nom
Car ici, on le confond et il prête à rire.
Il me faut le découper, pour brouiller les traces
Que tu laisses dans le chemin de ma vie.

Belle Orgueilleuse, ne va pourtant pas croire
Que ta beauté guide mes pas. Non, elle me déroute.
Je veux flâner dans tes yeux et me perdre sur ta peau.
Car tu es la seule raison de tant de visites à Beyrouth.

Dédié à R. la belle phénicienne, en espérant que tu es sauve, mon amour.

dimanche, février 13, 2005

La guerre en Irak, encore un test pour les libéraux.

Que les choses soient claires, mon article "Démocratie et Libéralisme" était ironique. Je suis et reste un ferme opposant à la guerre en Irak. Quand bien même l'Irak deviendrait dans la semaine qui vient une démocratie exemplaire ou un pays libéral correpondant à 100% à mes aspirations, quand bien même 100% des Irakiens se mettraient à embrasser les pieds de leurs occupants américains, je continuerai à y être opposé.

Pourquoi? Parce que les dizaines de milliers d'Irakiens morts au cours de cette guerre ou au cours de l'occupation américaine n'ont pas été libérés et n'ont pas pu voter. Parce que Saddam Hussein a pu se maintenir au pouvoir pendant 24 ans grâce à l'aide des gouvernements américain, français et britannique, notamment au cours des années 80. Parce que l'interventionnisme constant des états occidentaux a permis à Saddam Hussein, George W. Bush et d'autres tyrans sanguinaires de soumettre le peuple irakien à une guerre stupide contre l'Iran (des centaines de milliers de morts), puis à la première guerre du Golfe (des dizaines de milliers de morts), puis aux sanctions de l'ONU (des centaines de milliers de morts), enfin à l'intervention de la coalition et à l'insécurité qui en a résulté (des dizaines de milliers de morts).

Au cours des deux dernières années, j'ai pu voir de prétendus libéraux (p.ex. Alain Madelin) afficher leur soutien à l'intervention de la coalition en Irak. J'en ai fait un test simple. Répondez à la question suivante: approuvez-vous l'intervention de la coalition dirigée par les Etats-Unis, en Irak en 2003?

Si vous répondez oui, vous n'êtes pas libéral. Vous pouvez affirmer être libéral, mais les mots sonnent creux: vous ne pouvez qu'annoner bêtement les principes du libéralisme, sans les comprendre. Vous pouvez citer Bastiat, Mises, Rothbard, Hayek tant que vous voulez, le fait est que vous n'y avez rien compris. Vous êtes un âne qui prétend être un cheval. Vous êtes libéral quand cela vous arrange mais un socialiste de la pire espèce quand cela vous arrange. Bref, vous ne méritez pas le beau qualificatif de libéral, je vais me faire un plaisir de le prouver et je ne vous souhaite pas d'avoir à débattre avec moi parce que je vous exposerai comme le menteur ou l'hypocrite (ou plus vraisemblablement les deux) que vous êtes.

Le libéralisme s'oppose, sans aucune exception, à l'intervention de l'état et aux agressions, c'est à dire aux atteintes aux personnes, aux libertés et aux biens. Qu'est-ce que l'intervention de la coalition dirigée par les Etats-Unis? Justement une agression de 25 millions de personnes par plusieurs états, dont le plus puissant d'entre eux: l'état américain. L'intervention américaine en Irak viole donc les principes fondamentaux du libéralisme. Ce qui suit en est la preuve.

Comme certains de ces prétendus libéraux, vous me direz qu'il s'agissait d'éliminer Saddam Hussein, un dictateur horrible, de faire progresser la liberté en Irak et que cela vaut bien une intervention étatique. Je vous répondrai: où étiez-vous lorsque Ronald Reagan, alors président des Etats-Unis, vint en aide à Saddam Hussein aà partir de 1984, afin de lui éviter une défaite cinglante contre l'Iran, contribuant ainsi à le maintenir au pouvoir et ce sachant pertinemment qu'il était déjà un dictateur horrible? Ou étiez-vous en 1990 lorsque l'ambassadeur des Etats-Unis en Irak déclara à Saddam que les Etats-Unis ne s'immisceraient pas dans la querelle entre l'Irak et le Koweit, déclenchant ainsi l'invasion de ce dernier pays? Ou êtiez-vous en 1991 quand la coalition de la première guerre du Golfe remit au pouvoir la dynastie koweitienne, qui viole tous les jours les droits de la minorité shiite de ce pays? Où êtiez-vous de 1991 à 2003 lorsque l'ONU, à l'instigation des Etats-Unis, vota les sanctions contre l'Irak, au mépris de tous les principes du libéralisme? En affaiblissant le peuple irakien et en faisant de Saddam l'administrateur du programme "Pétrole contre nourriture", ces sanctions ont permis à Saddam, pourtant complètement discrédité et haï par 80% de son peuple, de se maintenir au pouvoir. Comme vous le voyez, la situation de l'Irak debut 2003 résultait de 25 années d'interventionnisme des états occidentaux et si vous étiez vraiment libéral, vous comprendriez que la solution ne passait pas par une nouvelle intervention étatique mais au contraire par l'arrêt des interventions étatiques en cours, notamment par la levée des sanctions de l'ONU.

Comme certains prétendus libéraux, vous me direz que l'intervention américaine en Irak n'était pas motivée par le pétrole. Ce faisant, vous ne ferez que confirmer ce que j'écrivais plus haut: vous annonez bêtement les grands principes du libéralisme, sans les comprendre. Tel un cancre équipé par ses parents d'une calculatrice dernier modèle, vous appliquez stupidement une formule prouvant que le pétrole rapporte moins que le coût de l'intervention, démontrant ainsi votre inaptitude crasse au raisonnement logique. Apprenez donc que l'argent que rapportent le pétrole irakien et la reconstruction de l'Irak va en grande partie dans les caisses des entreprises amies du gouvernement américain, alors que le financement de l'intervention et de l'occupation américaine provient de tous les contribuables américains. Ces deux sommes d'argent ne vont pas vers et ne sortent pas des mêmes poches, du même compte d'exploitation. Votre raisonnement est donc inepte. Si, comme George W. Bush, vous aviez le pouvoir de gagner un milliard d'euros en obligeant quelqu'un d'autre à dépenser 10 milliards d'euros, est-ce que vous ne seriez pas tenté? Comme vous êtes en fait un socialiste, cela ne fait pas de doute.

Comme certains prétendus libéraux (partisans de la liberté de port d'armes et tout et tout), vous me direz que, à part le coût de l'occupation et la hausse des impôts qui en résulte, vous ne trouvez pas grand-chose à redire à l'intervention américaine, les Etats-Unis restant un modèle de libéralisme. Ce faisant, vous serez une honte pour le libéralisme, en accréditant l'idée que le libéralisme a uniquement pour but de diminuer les impôts (préoccupation que vous partagez avec le F.N.). Je vous dirais alors d'aller visiter cette page Web, montrant quelques photos des victimes civiles de l'intervention américaine. Dites-moi donc si ces photos vous font penser au comportement d'une nation civilisée. Personnellement, je serais ravi de payer plus d'impôts si j'étais certain que ces choses ne se reproduiront plus jamais. Mais les principes du libéralisme prouvent que l'intervention étatique, quelle qu'elle soit, amène immanquablement à ce genre d'atrocités. En approuvant l'intervention américaine en Irak, vous êtes à tout point de vue complice des atrocités en question et bien que je ne sois pas partisan du tribunal international, vous mériteriez d'y figurer à côté de Bush, de Milosevic et autres tyrans sanguinaires, afin d'y être jugé pour crimes de guerre.

Comme certains prétendus libéraux, vous me direz que les atrocités commises par les terroristes comme Al-Zarkawi justifient l'intervention américaine. Alors-là, votre ramollissement du cerveau atteint un seuil critique. Répétez après moi: "il n'y avait pas de terrorisme en Irak avant son invasion par les Etats-Unis". Vous me direz que Saddam Hussein a fait des centaines de milliers de victimes et que la "liberté n'est pas gratuite" (freedom is not free), manière d'excuser les Américains de tirer sur tout ce qui bouge. Ce faisant, vous reconaissez être dans la situation de celui qui, pour empêcher un crime hypothétique (les crimes de Saddam à l'avenir), commet des atrocités peut-être aussi graves. En d'autres termes, vous tuez les gens, mais attention, c'est pour leur bien. A un tel niveau d'hypocrisie, vous mériteriez indubitablement de finir votre vie comme les victimes innocentes des attentats commis tous les jours par les terroristes, américains ou autres: démembrés et sanguinolents.

Comme certains de ces prétendus libéraux, vous me direz qu'il faut soutenir l'intervention américaine parce que Chirac et tous les étatistes, socialistes, communistes, alter-mondialistes et anti-sémites français étaient contre. Je vous dirai: et alors, quel rapport avec la choucroute? Chirac et tous les étatistes, socialistes, communistes, alter-mondialistes et anti-sémites français prétendent aussi que le ciel est bleu. Sont-ils condamnés à avoir toujours tort et faut-il affirmer que le ciel est vert? Bastiat n'a-t-il pas été accusé d'être en faveur du patronat par les ouvriers et en faveur de la classe ouvrière par les bourgeois? En vous prononçant en négatif par rapport aux convictions de vos adversaires, vous démontrez votre vacuité, la faiblesse de vos propres convictions et votre manque de caractère (voir paragraphe final).

Comme certains prétendus libéraux, vous me direz que les élections récentes en Irak et le taux de participation de 60% démontrent la pertinence de l'occupation américaine. Je vous dirai alors que, puisque les Irakiens avaient enfin l'occasion de s'exprimer, ils votèrent à 48% pour la liste soutenue par l'Ayatollah Sistani, dont le programme demande, en son second point, le retrait des troupes U.S. Allawi, la marionnette des Etats-Unis, ne recueille que 14% des voix. En fait, ces élections montrent qu'au moins 48% des Irakiens sont opposés à l'occupation américaine (encore que je suis à peu près certain qu'il y a eu des manipulations visant à faire descendre ce score à moins de 50%). Donc, vous qui prétendez, à 3000km de distance, mieux savoir qu'eux ce qui est bon pour eux, vous n'êtes qu'un apprenti-dictateur de plus.

Ce qui m'amène à mon point final. Si vous approuvez l'intervention américaine en Irak, qu'attendez-vous pour vous engager dans l'armée américaine en vous portant volontaire pour l'Irak? Cela serait une superbe preuve que tous les Français ne sont pas anti-américains, non? Je vais vous dire pourquoi vous serez toujours un pseudo-libéral de fauteuil: parce que, comme George W. Bush et ses acolytes, vous êtes un couard, un "chicken-hawk" sans aucun principe ni aucune dignité, qui se permet d'envoyer à la mort d'autres personnes (1400 GIs sont morts) afin de défendre ses propres intérêts. Je souhaite que la roue tourne et que vous soyez un jour la victime de quelqu'un qui croit vraiment à quelque chose: "ceux qui croient finissent toujours par triompher de ceux qui ne croient pas." Vous ne croyez pas vraiment au libéralisme et cela finira par vous perdre.

vendredi, février 11, 2005

Avez-vous la fibre optique?

Il est dans la nature du pouvoir politique, démocratique ou pas, d'accroître sa main-mise sur tous les aspects de la société. La question n'est pas de savoir si l'état va chercher à s'emparer de tel ou tel aspect de la société, la question est de savoir quand l'état va chercher à en prendre le contrôle.

Posons-nous cette question au sujet d'Internet: quand l'état va-t-il chercher à prendre le contrôle d'Internet?

Comme vous le savez, Internet est un réseau numérique mondial. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est qu'Internet s'est developpé essentiellement grâce à des fonds et des entreprises privées. Tant qu'il était public (groso modo jusqu'en 1990), Internet a végété et se limitait à quelques universités et centres de recherche publics. Ce n'était pas un problème technologique: la technologie pour se connecter à Internet par le téléphone existait au moins depuis 1980 (date à laquelle je commence à m'intéresser à l'informatique, certains ordinateurs étaient déjà équipés de modems à l'époque), sans doute même avant. Au cours des années 70-80, de nombreux réseaux informatiques numériques couvrant l'ensemble des Etats-Unis, tels que Compuserve ou Bix, s'étaient développés. Par conséquent, Internet aurait pu exploser dès les années 80. Pourtant, ce ne fut le cas qu'à partir de 1990, lorsque la déreglementation des télécoms aux USA, la généralisation des ordinateurs personnels et les investissements de fournisseurs d'accès privés (tels qu'America On Line) rendirent possible les abonnements à Internet à un prix modéré.

Aujourd'hui, l'effondrement de la bulle Internet (considérée par certains comme une gabegie du néo-libéralisme, comme vous allez le voir) aiguise les appétits des hommes de l'état. Oui, si on laisse faire la démocratie et l'état, vous allez voir ce que vous allez voir, le monde entier pourra accéder à Internet, dans le respect des exigences citoyennes d'égalité et de fraternité. Le nouveau prophète de l'Internet d'état, j'ai nommé Jean-Michel Billaut, ci-devant conseiller auprès du sénateur-maire de Pau, nous apporte la bonne parole. Attention, je ne sais pas ce qu'on fume du côté de Pau, mais ce doit être de la bonne. Votre humble serviteur va donc se livrer à l'exégèse de ce texte capital pour les paradis virtuels.

Comme toute bonne fumette qui se respecte, les effets se font attendre un petit peu. Mais quand ça commence, attention les yeux, ça dépote. Les premiers paragraphes sont à peu près cohérents, jusqu'à la phrase "Bref, j’appelle cela de la gabegie." C'est le premier flash, le premier effet Kiss Cool de la beuh de la région de Pau: le développement d'Internet, caractérisé par la concurrence entre les entreprises (souvenez-vous par exemple de la rivalité entre Microsoft et Netscape), les fournisseurs d'accès (par le téléphone, le satellite et maintenant le câble ou l'ADSL) ne fut qu'une gigantesque gabegie!

Damned, c'est vrai que je n'avais jamais réalisé à quel point Cisco, Microsoft, America On Line sont d'énormes gabegies. Si Cisco et Microsoft avaient eu la clairvoyance d'écouter Jean-Michel Billaut, jamais leurs patrons, cadres et employés ne se seraient retrouvés ruinés et à la rue comme ils le sont actuellement. Je me demande pourquoi l'état français ne fait pas profiter les patrons américains de la faramineuse efficacité du groupe Bull, dont l'histoire s'inspire notablement des propositions du grand Marabout Mamadou Grankoko Billaut: contrôle par l'état, financement public par l'impôt, planification stratégique par les hommes politiques.

Suivent 4 paragraphes sur la technologie Ethernet. Le prophète Philippulus Billaut nous fait bénéficier de sa sagesse ancestrale: nous aurons bientôt tous besoin du 10 Giga Ethernet, c'est à dire d'une bande passante de 10 Gigabits/s. 10 Gigabits/s, cela fait 1,25 Go/s soit seulement 150 chaînes de télévision haute-définition en simultané. C'est vrai que 150 plans différents de la Star Academy en haute-définition (dont certains en contre-plongée sur les petites culottes doublées en fourrure des participantes), cela risque rapidement de ne pas suffire. Comme mon nouveau laptop n'est doté que d'un port Gigabit, que j'aurai tôt fait de saturer en téléchargeant tous les films d'Hollywood, des productions Marc Dorcel et surtout de l'intégrale Divx de la Star Academy (I, II, III et IV), je vais pouvoir attaquer son fabriquant en justice pour non-respect du principe de précaution.

Attention, à partir de là, les flashes prémonitoires se succèdent, entrecoupés d'éclairs de lucidité, tels un carrousel de pensées lubriques dans un pensionnat de jeunes filles prépubères ayant regardé l'émission spéciale de TF1 consacrée à David Charvet, brièvement interrompues par des moments de découragement ("non, il ne voudra pas de moi, je n'ai pas les seins aussi gros que ceux de Pamela Anderson.")

Par exemple, le fakir Ramana Chandrasekhar Billaut nous assène une vérité profonde, issue de générations de réflexions dans les ashram de la Vème République: "L’infrastructure dans une démocratie doit être publique." Pourquoi l'infrastructure et pas les carambars, les vélos ou les poils pubiens des filles de la Star'Ac, là je dois dire que j'ai un peu de mal à comprendre. Il semble que cela soit dû à l'émergence d'un nouveau droit, le "droit à la fibre", qui concernera bientôt toute la population (même ceux qui n'en veulent pas y auront droit, notez-bien). Seul un contrôle draconien de l'état sur l'infrastructure permettra l'égalité d'accès à la fibre optique. Quand je vous ai dit que c'est de la bonne, vous voyez bien que je ne plaisantais pas.

Malheureusement, ces idées extrèmement audacieuses (le coup du contrôle de l'état pour assurer l'égalité d'accès et éviter les monopoles et les dictatures, on ne nous l'avait fait que 254 fois ce mois-ci) sont massacrées par des retours inopinés sur Terre: "Si tel n’était pas le cas, il nous faudrait être logiques avec nous-mêmes et vendre nos routes à un consortium privé. " Ca, c'est exactement ce que ces enflures de néo-libéraux viennent de faire, en privatisant ASF! Damned, le ver du néo-libéralisme est partout, même dans les routes. Et dire qu'Al gore a inventé les Autoroutes de l'Information, lui aussi avait dû fumer de l'herbe à vache de Pau ce jour-là.

Attention, ce n'est pas fini. La redescente à l'état normal est certaine mais lente, donc il y a encore de beaux restes dans le délire. Le Messie Iesus Nazarethas Billaut nous annonce rien moins que la troisième révolution, une grande soupe aux technologies de l'information, aux nano-technologies, aux énergies renouvelables, à la robotique humanoïde... Il manque la génétique calculatoire, la cybernétique statistique et le sexe virtuel, cela aurait sans doute rendu la soupe indigeste. Au passage, tenez-vous bien, entre la première révolution (l'agriculture il y a 10000 ans) et la seconde révolution (l'industrie il y a 250 ans), un seul événement notable s'est produit: l'invention de l'imprimerie. Au placard, la boussole, la poudre, les sciences, le harnais de corps et d'autres inventions sans grande importance finalement. L'important n'est pas là, l'important est dans un signal politique fort, afin de faire redémarrer la France (je suis plié de rire en écrivant cela). Je vous jure que je ne l'invente pas: il nous faut un de Gaulle des technologies de l'information, un "New Deal" de la fibre optique, un Plan Marshall de l'Internet. Oser regarder le futur d'Internet avec les bésicles de Franklin Delano Roosevelt ou le lorgnon de de Gaulle, il fallait quand même le faire.

Vous me direz: où tout cela nous mène-t-il? On voit bien que vous ne comprenez rien à la grande politique républicaine et démocratique du 21ème siècle. De même qu'un drogué à la GHB de synthèse de 2005 est le même qu'un drogué à l'héroine de 1975 ou un drogué à l'opium de 1880, un homme politique reste un homme politique, à toutes les époques. Tout cela nous mène à ... à ... je vous le donne en mille, tout cela nous mène à une augmentation des impôts. De seulement 15 milliards d'euros sur 30 ans, soit la bagatelle de 3 milliards de francs par an, sous la forme d'un abonnement (obligatoire je précise) a une fibre optique. Précisons que le derviche tourneur Ahmad Alim Ben Billaut n'a strictement aucune, mais alors-là aucune, mais vraiment aucune (main sur le coeur, juré mordicus, craché par terre) intention de récupérer une partie de cet argent pour lui-même.

Malheureusement, je manque de l'expérience et du discernement du philosophe Confucius Lao-Tseu Billaut. Il me semble néanmoins me souvenir que, dans les années 70-80, le gouvernement français avait lancé plusieurs plans destinés à relancer l'industrie de l'information en France: le plan calcul, le plan informatique-pour-tous et surtout le plan-câble, un plan de câblage de toute la France en fibre optique: 25 milliards de francs dépensés en pure perte.

Ce gaspillage, financé in fine par le contribuable, doit faire partie de cette gabegie du néo-libéralisme que Jean-Michel Billaut veut éviter à l'avenir. Encore un effet de l'herbe à chats de la région de Pau, qu'il serait intéressant de faire analyser pour déterminer la cause d'effets si bénéfiques sur la clairvoyance et la capacité à prévoir l'avenir.

Alleluiah, la fibre optique est la solution au chômage, au désenchantement de la jeunesse et à l'herpès buccal et Jean-Michel Billaut est son prophète.

Les services publics, à privatiser d'urgence.

Sous la pression de la Communauté Européenne ("l'Europe Libérale" diraient les culs bénis de gauche), la France se voit contrainte de mettre en concurrence, voire de privatiser, ses services publics. Il y a eu la libéralisation des télécoms, la déréglementation aérienne, maintenant c'est EDF, la Poste, GDF, demain ce sera sans doute la SNCF.

Prenons EDF. Les bigots de gauche, nouveaux tartuffes se remplissant les poches sur le dos des contribuables, avancent des arguments pour s'opposer à la mise en concurrence d'EDF: "l'électricité est un besoin vital, ne pouvant être soumis à la dictature du marché". "Votre électricité, vous la voulez plus chère et moins sûre, comme le rail en Grande-Bretagne, ou bien avec des coupures, comme en Californie?" annonent-ils en lisant le dernier tract de la CGT.

La droite, verte de peur à l'idée d'un autre 1995, ne fait guère mieux et entonne aussi l'air du "service public à la française", un bon moyen de ne pas perdre trop de voix parmi les fonctionnaires.

Ces arguments pitoyables doivent être balayés du revers de la main, comme les dernières scories racornies du communisme le plus stalinien. La principale raison pour laquelle la CGT et le PCF défendent bec et ongles le service public EDF est qu'ils se servent depuis des années dans la caisse du C.E. d'EDF (et d'autres services publics sans doute), assurant ainsi un train de vie plus que convenable aux incapables paresseux qui leurs servent d'apparatchiks. Un livre récent l'a montré. La privatisation et la mise en concurrence, s'ils sont menés à terme, sonnent le glas de ces lucratifs trafics.

Exhibons la stupidité de l'argumentaire en faveur des "services publics à la française", en examinant l'échelle des besoins humains. L'être humain a besoin, par ordre d'importance, de respirer, de boire, de manger, de se vêtir, de s'abriter, de se chauffer, de se laver, et ainsi de suite. Les "besoins vitaux" assurés aujourd'hui par les services publics (EDF, La Poste, la SNCF, GDF, etc...) viennent loin, très loin après, par exemple, la boisson, la nourriture, les vêtements ou la construction de logements. Donc, des besoins bien plus vitaux que le transport ou l'énergie sont assurés, pour la plus grande partie, par le secteur privé concurrentiel. De même, la prétendue nécessité de "l'égalité d'accès à l'énergie" ne tient pas la route. Y a-t-il égalité d'accès à l'eau potable entre un habitant de Vichy et un habitant de Paris? Y a-t-il égalité d'accès à la nourriture entre quelqu'un qui habite à deux pas d'une grande surface et quelqu'un qui habite dans un trou perdu de la Lozère?

Si l'on appliquait les arguments du service public à la nourriture, on en conclurait immanquablement que des millions de Français devraient être en train de crever de faim, victimes du stupre et du lucre des capitalistes.

Imaginez un peu l'argumentaire de la CGT en faveur d'un grand service public monopolistique des vêtements (VDF, Vêtements de France): "Vos vêtements, vous les voulez chers et de mauvaise qualité, comme aux Etats-Unis? Ou bien, dangereux et de mauvais goût, comme en Grande-Bretagne?". Ridicule, n'est-ce pas?

Allons encore un peu plus loin dans la dénonciation de cette politique absurde. Les transports comme le rail, les bus urbains, le métro, sont assurés par des services publics nationalisés. On pourrait penser que tous les transports devraient logiquement être assurés par des services publics. Mais non, car la voiture, les taxis, les avions, les transports par bus entre villes sont privés. L'électricité (EDF) et la distribution de gaz (GDF) sont publics. L'on pourrait penser que tout le secteur énergétique devrait être public, mais non car l'extraction pétrolière ou la production d'énergie solaire sont privés.

Il n'y a aucun argument sérieux, logique, raisonnable, en faveur de la nationalisation d'EDF. D'ailleurs, le réseau électrique a été créé et entretenu pendant des décennies par des entreprises privées, avant leur nationalisation en 1946. Et que l'on ne vienne pas me dire que l'énergie nucléaire demande de la sécurité, etc... C'est l'état et la technostructure qui nous ont imposé ce choix dangereux, polluant et extrêmement coûteux de l'énergie nucléaire. A part la Chine et un ou deux autres pays plus ou moins dictatoriaux, aucun autre état ne croit plus au nucléaire comme une énergie d'avenir.

Alors, votre électricité, vous la voulez toujours nucléaire et sous le contrôle exclusif de l'état, comme à ... Tchernobyl?