mercredi, décembre 21, 2005

Tu mangeras quand tu seras un bon citoyen.

En discutant sur liberaux.org, qui est devenu mon repaire et repère préféré, je me suis dit que l'étatisme, dans toutes ses variantes, socialisme, néolibéralisme, néoconservatisme, communisme, tiers-mondisme, est une forme d'infantilisation, de condescendance, voire un racisme inversé. Je vais essayer de vous faire comprendre ce que je veux dire.

Il y a quelques temps, j'ai vu une affiche qui m'a profondément choqué. Je crois bien que c'était une campagne d'affichage du PNUD, le Programme des Nations Unies pour le Développement. Il s'agissait d'un Noir, manifestement Africain et visiblement dans la misère. C'était du moins ce que son expression dépitée semblait vouloir signifier. Le slogan de cette affiche était: "Tu mangeras quand tu seras compétitif". C'était une critique masquée du libéralisme et du libre-échange, se réduisant pour l'inventeur de ce slogan à l'idée que seuls les plus compétitifs mangent à leur faim, les autres étant réduits à poser sur des affiches pour que les riches puissent leur faire l'aumône. L'alternative à ce libéralisme triomphant était bien évidemment un programme d'aide. Je dois dire que je ne suis pas sûr que cette affiche était l'oeuvre d'une organisation étatique. Il pouvait s'agir d'une ONG ou peut-être même d'une association ne touchant pas un sou de l'état. Mais elle m'a fait comprendre le ressort de l'action étatique.

Ne remarquons même pas que le slogan de cette affiche est complètement faux, que l'agriculture africaine est très compétitive et que c'est au contraire l'agriculture et des pans entiers de l'industrie européenne qui ont besoin de subventions, de barrières douanières et de protections en tous genres pour continuer à supporter la concurrence des "pays à faible coûts de main d'oeuvre" (comprendre "pays plus compétitifs que nous"). Ne remarquons pas que les famines s'expliquent non par le libre-échange, mais souvent par l'intervention d'un état: dumping agricole, guerre, famine organisée, corruption, détournement des aides, etc...

Demandons-nous simplement ce que cette affiche nous dit des personnes qui ont rédigé ce slogan et qui le croient vrai.

D'après ces tristes sires, ce pauvre Africain n'est pas assez compétitif pour pouvoir se nourrir correctement. Dans ce cas, pourquoi a-t-il choisi la profession qu'il exerce? S'il ne peut même pas se nourrir en exerçant ce travail, pourquoi ne change-t-il pas de métier, pour exercer une autre profession qui lui rapportera plus d'argent? Il n'y a que deux réponses possibles. La première est qu'il y a effectivement des emplois mieux payés dans son pays mais cette personne n'est pas suffisamment douée pour les exercer ou n'est pas capable de déterminer où se trouve son intérêt. C'est une personne peu qualifiée, peut-être même est-ce un idiot congénital. L'autre réponse possible est que cet Africain exerce ce métier parce qu'il n'a pas le choix, plus précisément, il n'a rien trouvé de mieux à faire que cette activité misérable. Dans les deux cas, puisque le mieux qu'il a pu trouver ne lui permet même pas de se nourrir, il faut que l'homme blanc, riche, intelligent et gras sorte son porte-monnaie pour lui faire l'aumône. En résumé, l'idée que cet Africain n'est pas compétitif et qu'il faut lui payer à manger équivaut à infantiliser cette personne, en lui niant la capacité de se sortir d'affaire toute seule, comme un parent qui dirait à son enfant: "Tu comprendras quand tu seras grand". Et encore, je reste gentil, le terme de racisme inversé ne me paraît pas extravagant pour qualifier une telle illusion de supériorité condescendante.

Prenons maintenant l'exemple du marxisme. Le marxiste tient un raisonnement similaire, à l'endroit du prolétaire cette fois-ci. L'analyse marxiste du monde, c'est la théorie de la plus-value, à savoir que le capitaliste est un exploiteur qui paie ses ouvriers moins cher que la valeur réelle du travail qu'ils fournissent. Pourquoi les ouvriers ont-ils accepté de se faire exploiter? Ou bien, grands enfants qu'ils sont, ils ont accepté ce travail dans l'ignorance de leur propre exploitation, ou bien ils n'avaient pas le choix, ce qui prouve que laissés à eux-mêmes, ils n'aboutissent qu'à se faire exploiter. Dans les deux cas, la solution à leur problème, c'est "l'appropriation collective des moyens de production", une intervention de l'état pour mettre fin à leur ignorance et à leur malheur. On retrouve ici le thème de "Vous êtes des enfants ignorants et faibles mais moi, je sais comment vous aider car je suis tellement plus intelligent que vous que j'ai déjà calculé tout cela".

Un dernier exemple d'intervention étatique est à nouveau de la même engeance: la lutte contre le chômage, si bien incarnée par les aides aux entreprises en difficulté ou l'action de l'état contre les délocalisations. Peu importe que ces interventions soient complètement à côté de la plaque, car le chômage résulte de la faiblesse de la création d'entreprise en France et n'a rien à voir avec les licenciements et les délocalisations, qui ne sont pas pires que dans les autres pays. Ce qui compte, c'est ce que ces actions révèlent de l'étatiste. Réfléchissons un peu en prenant l'exemple d'une entreprise en difficulté, qui menace de licencier plusieurs centaines de personnes. Craignant pour sa réélection, l'homme politique local obtient des subventions de l'état, prélève sur le budget de fonctionnement de son administration et verse une somme conséquente à cette entreprise, ce qui lui permet de continuer son activité, au moins jusqu'à la prochaine alerte, après les prochaines élections. Pourquoi un investisseur ou un groupe d'investisseurs n'a-t-il pas fait la même chose? Comment se fait-il que le patron de l'entreprise n'ait trouvé personne pour remettre de l'argent dans son capital? Pourquoi les salariés de l'entreprise eux-mêmes n'ont-ils pas rassemblé la somme nécessaire? Le message de l'homme politique est ici: "Moi, l'homme politique local, je sais mieux que vous, patron incompétent, investisseurs ignares et bêtes salariés ce qui est bon pour votre entreprise, votre capital, vos emplois".

Je pourrais ainsi multiplier les exemples. L'idée centrale de l'étatisme est que quelqu'un, quelque part dans un ministère ou une administration, sait mieux que vous ce qui est bon pour vous-même. Cette personne a fait l'ENA, a été élue, a la science infuse et souvent, ce sont les trois options en même temps! Etant tellement supérieure, elle se permet de vous traiter de haut, de vous abreuver de conseils, voire même de vous asperger d'argent, telle un milliardaire et ses bonnes oeuvres.

Lorsque vous étiez un enfant, vous vous disiez que vos parents, plus expérimentés au point que ce sont eux qui payaient pour vous, savaient mieux que vous-même ce qui vous convenait. Encore respectaient-ils un minimum vos choix et ne vous imposaient-ils pas de prendre des cours de danse si vous préfériez faire du judo, par exemple. Comment justifier qu'un autre adulte puisse vous imposer un choix en prétendant savoir mieux que vous ce qu'il vous faut? C'est pourtant ce que fait l'étatiste, sous des prétextes divers et variés, toujours en vous infantilisant car lui a la solution du problème où vous vous êtes bêtement fourré. "Vous comprendrez quand vous serez enfin devenus adultes". Là est le message suprême de l'étatiste.

vendredi, décembre 09, 2005

Jeunes à l'exterieur, vieux en dedans, voici les hommes politiques

En écoutant Breton et DSK deviser sur la dette, je me suis fait une réflexion. Telle le portrait de Dorian Gray, la dette est le secret des hommes politiques: un visage horrible qu'ils ne doivent montrer à personne car il porte les stigmates du vieillissement de leur politique, alors qu'ils la voudraient toujours nouvelle, toujours jeune.

Grâce à la dette, les étatistes ont pu donner l'illusion qu'ils étaient modernes, dans le vent. Vive l'école publique, vivent les services publics, vivent les acquis sociaux! Vous les libéraux, vous êtes archaïques avec votre étalon-or, vos libertés économiques, votre volonté de toujours réduire l'Etat pour payer moins d'impôts. Ce sont là de vieilles théories du XIXème siècle. Le libéralisme, c'est totally has been, coco! L'état démocratique a le devoir moral de s'occuper de tous, même si ça coute cher. On paiera plus tard. Le crédit, c'est moderne! Tout le monde s'endette pour pouvoir consommer. Consommer, ça crée des emplois et en plus cela prépare l'avenir.

Voilà que le visage hideux de Dorian Gray, en version vieux, se fait jour. Tel un pacte de sang signé avec le Diable, la dette se rappelle au bon souvenir de ses bienfaiteurs. Et l'homme politique doit trouver une solution pour faire disparaître son mauvais double. "Il faut dire la vérité aux Français", prévient Breton. "Il faut réduire les déficits", annone DSK. Cela ressemble nettement à du radotage. Tant d'hommes politiques se sont succédés en promettant de dire la vérité et de réduire les déficits! Eclatante de jeunesse à l'écran, cette politique est en fait vieille à l'intérieur.

Mais la démocratie a ses nécessités. Les journalistes du service public n'ont pas envie de voir se réduire les subventions à France Télévisions. Qui sait, on pourrait leur sucrer leurs tickets de cantine ou leur place de parking. C'est vrai, ce n'est pas toujours aux mêmes de se sacrifier, quoi! Alors laissons le faux-jeune DSK présenter son programme. "Il faut créer de nouveaux services publics, par exemple pour la petite enfance." Ha ha ha, sacré DSK, toujours le mot pour rire! C'est vrai que l'on manque de services publics. Entre la maternité et l'école maternelle, il y a encore un certain laps de temps où le futur citoyen, dûment muni des ses couches-culotte, n'est pas complètement pris en charge par l'état. Une question brûle peut-être les lèvres du journaliste: "pourquoi faire et surtout, comment le financer? Puisque l'on vient de vous dire que l'état est déjà surendetté?" Mais le journaliste de France Télévisions est un vieux briscard qui sait s'écraser devant son futur maître. Alors il sourit d'un air entendu: "Un service public de la petite enfance? Comme c'est original, comme c'est jeune, comme cela va favoriser la natalité". On paiera plus tard, quand ces futurs citoyens d'élite, si bien préparés par un état prévoyant, seront enfin devenus productifs.

Pour réduire les déficits d'ici là, DSK a tout de même prévu d'augmenter les impôts. "Et les impôts, cela finance les services publics, donc c'est bon pour la croissance", nous dit-il. Plus on paie des impôts, mieux c'est? Hmmm, nous avons un doute. Mais ce n'est pas grave, DSK, les impôts aussi on les paiera plus tard. Après tout, arrivé à un certain âge, on est en droit de dire: après nous, le déluge!