vendredi, novembre 26, 2004

Le libéralisme, qu'est-ce donc? Ma définition.

Je n'ai pas la prétention de détenir les clés du libéralisme, qui de toute façon n'en a pas.
Je n'ai pas non plus pour but de vous vendre du libéralisme, puisque le libéralisme est une denrée disponible en quantité infinie et donc ne vaut rien, comme la morale, l'amour, l'amitié ou la bêtise.

Je veux juste exprimer ici ma compréhension du libéralisme, car je considère comme vitale la capacité à penser par soi-même. J'écris ce qui suit sans aucune référence ni aucune note.

Je définis le libéralisme comme" le respect de la liberté et de la propriété d'autrui".

Qu'est-ce que ça veut dire en pratique? Quelques définitions s'imposent, sachant que les mots non définis ici le sont dans n'importe quel dictionnaire de la langue française.

Commençons par le plus facile: la liberté. La liberté, c'est la capacité d'agir à sa guise, selon sa volonté. Ainsi, vous êtes libre d'aller sur la Lune ou d'arrêter de lire ce message si vous le souhaitez. Vous n'êtes pas libre de vous transformer en grenouille, car vous n'en avez pas la capacité.

Une autre définition de la liberté est l'absence d'obligation. Vous êtes libre quand personne ne vous contraint, c'est à dire n'attente à votre gré, à votre volonté.

Liberté, capacité et volonté sont donc intimement liées. La liberté se comprend aisément puisque c'est un concept intrinsèque à chacun de nous. En fait, tous les êtres humains (et même les animaux) sont naturellement libres. La liberté est universelle et imprescriptible.

Là ou les choses se compliquent, c'est pour la propriété. Si la liberté est immatérielle, la propriété est un rapport au réel et à autrui, si bien qu'elle est nettement plus difficile à appréhender. Certains la considèrent même comme immorale. Rappelez-vous Proud'hon, adversaire de Bastiat, qui définit la propriété comme un vol. Je ne suis pas loin de penser que la définition et les limitations que l'on donne à la propriété sont la différence majeure entre, disons les libéraux d'un côté et les étatistes ou les socialistes de l'autre. En d'autres termes, tout le monde (à part quelques dangereux hurluberlus) s'accordera pour dire "vive la liberté!" mais sans doute pas "vive la propriété!". Pourtant l'une ne va pas sans l'autre.

En effet, la propriété se définit de la façon suivante: c'est l'ensemble des biens dont on dispose par son activité, son travail, les dons que l'on reçoit et les échanges libres avec autrui.

Prenons quelques exemples. Certains exemples sont anodins, d'autres donnent lieu à polémique mais tous se conforment à la définition de la propriété que je viens de donner.

1. Votre corps vous appartient. Car il est le résultat de votre propre activité.

2. Vous construisez une maison de vos mains. Elle vous appartient. C'est indéniable.

3. Un inconnu vous offre des fleurs dans la rue. Elles sont votre propriété. Pas de doute là-dessus.

4. Vous vous emparez du bien d'autrui en dépit de sa volonté, par la menace, la violence ou la tromperie: vous n'en devenez pas propriétaire pour autant. Son propriétaire légitime peut vous le reprendre. Si vous avez donné ce bien à une troisième personne, même si elle est de bonne foi, ou si vous l'avez dilapidé, vous pouvez être tenu d'indemniser son propriétaire légitime.

5. Vous achetez une maison pour 150 000 Euros, toutes vos économies: vous devenez propriétaire de la maison et le vendeur devient propriétaire des 150 000 Euros, donc des fruits de votre travail. Il s'agit d'un échange libre, un don réciproque.

6. Vous travaillez pour votre patron et, en échange, celui-ci vous verse un salaire. Vous devenez propriétaire du salaire et le patron devient lui propriétaire du fruit de votre travail. Vous sentez la polémique venir? Notez pourtant que cet exemple est exactement le même que le précédent, à l'envers. Mais je reviendrai là-dessus dans un article prochain.

Le point commun entre tous ces exemples? La liberté. Personne ne vous oblige à rester vivant, à fabriquer une maison de vos mains, à offrir des fleurs à une inconnue dans la rue, à acheter une maison ou à travailler pour un patron. Par contre, dans l'exemple 4, la victime du vol n'est elle pas libre puisque vous l'obligez à se séparer de son bien.

Il se déduit de tout cela que la propriété est le résultat de l'exercice de la liberté. La liberté entraîne la propriété. S'attaquer à la propriété, c'est donc s'attaquer de façon indirecte à la liberté.

Définissons donc l'agression comme étant toute atteinte à la liberté ou la propriété de quelqu'un d'autre. Sous toutes les latitudes et de tout temps, les être humains comprennent ce qu'est une agression. Si on vous blesse, vous réduit en esclavage, s'empare de vos biens sans votre accord ou bien si on vous oblige à faire quelque chose contre votre gré (peu importe comment), vous vous sentirez légitimement agressé, qui que vous soyez.

Sans doute la culture ou les circonstances ou d'autres facteurs jouent-t-ils un rôle dans le degré d'agression. Par exemple, voler 5l d'eau à un voyageur dans le désert sera légitimement considéré comme une agression plus grave que voler 50l d'eau à un habitant de la Seine Maritime. Mais l'idée même d'agression est universelle.

Pour finir, le libéralisme consiste en un principe simple: la non-agression, c'est à dire le respect de la liberté et de la propriété d'autrui. CQFD. La seule chose que le libéralisme interdit, c'est l'agression. Je pourrais ajouter que tout ce qui n'est pas interdit est autorisé, mais ce serait une tautologie.

En pratique, cela signifie que vous pouvez faire tout ce que vous voulez, tant que vous n'agressez personne.

Pour comprendre l'intérêt du libéralisme, voici une petite liste, non-exhaustive, de concepts, idées, idéologies, etc... qui ne sont pas libérales:
-l'esclavage,
-le slogan soixante-huitard "il est interdit d'interdire". Outre le fait qu'il est auto-contradictoire, interdire quelque chose n'est pas forcément une agression. Par exemple, si je vous interdis d'entrer chez moi, je ne vous agresse pas,
-l'embargo et la guerre en Irak, qui sont une agression des Irakiens par les Occidentaux,
-les monopoles, quels qu'ils soient. Le monopole se définit comme l'absence de concurrence, c'est à dire l'interdiction d'entités concurrentes de l'entité en situation de monopole,
-la "redistribution", c'est à dire des transferts organisés des "riches" vers les "pauvres", dans la plupart des cas. Notez par exemple qu'un smicard paye à peu près 40% d'impôts en France, alors qu'un haut fonctionnaire n'en paye aucun (il ne fait que rendre à l'Etat une partie de l'argent qu'il a indûment reçu de lui) et donc que la prétendue redistribution consiste en fait à spolier le pauvre pour enrichir le riche. Le seul cas où la redistribution est légitime, c'est si les riches ne sont pas effectivement propriétaires de leurs prétendues richesses et les ont volées à ceux qui bénéficient de la redistribution,
-les subventions aux entreprises.

Bon, c'est tout pour aujourd'hui! La suite au prochain numéro.