mercredi, décembre 22, 2004

La mer, malade de l'étatisme

Ces derniers jours, les ministres de la pêche de l'Union Européenne se sont réunis, l'un de leurs objectifs étant d'éviter la surpêche. Au menu: quotas de pêche par espèce de poisson, voire interdiction pure et simple de la pêche dans certaines zones.

Afin de "protéger leur activité", les pêcheurs ont déversé des tonnes de poisson sur les routes et au siège de l'Ifremer, organisme de l'étude de la mer et de ses ressources. Au final, les pressions exercées par les pêcheurs ont réussi: les quotas et les interdictions ont été fortement entamés et les pêcheurs vont pouvoir continuer à pêcher des espèces en danger, notamment le cabillaud. Un lobby d'entreprises a donc obtenu une décision politique en sa faveur, à l'américaine.

Lecteur, peut-être pensez-vous que cette nouvelle et, plus généralement la surpêche, est le résultat de la course au profit et du libéralisme. Pourtant, il n'y a rien de plus faux. En réalité, la surpêche et la destruction de nombreux espèces de poisson sont le résultat de l'étatisme et des symptômes qui l'accompagnent: subventionnite, sauvegarde de l'emploi (paravent pour les aides aux entreprises), conservation d'activités traditionnelles au nom de l'exception culturelle.

Comme l'indique cet article du World Wildlife Fund, la pêche mondiale touche environ 15 milliards de dollars par an de subventions, aides, exonérations, accordées par les états des grandes puissances économiques mondiales: Japon, Etats-Unis, Union Européenne, Russie, Chine. En Europe, un bateau de pêche touche en moyenne environ 14 000 Euros de subventions par an. Ces aides sont particulièrement hypocrites, car indirectes et bien cachées dans un maquis de réglementations et d'organismes plus ou moins obscurs. D'ailleurs, vous remarquerez que les médias ne les évoquent quasiment jamais, sauf lorsqu'il s'agit de justifier la "sauvegarde de l'activité traditionnelle que constitue la pêche". Songez que les aides représentent 20% de la valeur du tonnage de pêche, ce qui signifie que l'on subventionne à hauteur de 20% (ce qui est énorme) des activités anti-écologiques et ennemies du développement durable.

Donc, à l'instar de ce que propose le WWF, la solution au problème de la surpêche passe par la suppression de toutes les aides, directes ou indirectes, aux pêcheurs. Cette mesure simple provoquerait la faillite d'environ la moitié des entreprises de pêche française par exemple, entrâinant une baisse équivalente du nombre de bateaux et donc du tonnage de pêche.

Comme de bien entendu, les hommes politiques ne souhaitent pas cette mesure, car les pêcheurs, comme les chasseurs, sont des électeurs et ont un pouvoir de nuisance bien plus grand que la moyenne des contribuables.

Lecteur, la prochaine fois que vous payez vos impôts, dites-vous qu'une partie de l'argent que vous versez finira dans la poche des patrons-pêcheurs, des êtres sans scrupule prêts à gaspiller des tonnes de poisson pour obtenir toujours plus d'argent de l'état.