La propagande étatiste, forcément haineuse et abjecte...
Ma position est simple: la France est devenue une oligarchie, mise en coupe réglée par une minorité de profiteurs sans scrupule. Il y a 50 ans, ces groupuscules se seraient parés, par exemple, des belles couleurs, pas encore défraîchies, du communisme et du bolchevisme. Aujourd'hui, ayant compris que le temps des idéologies est terminé, ils se rebaptisent "démocrates", "républicains", "citoyens", "pragmatiques", mais le ressort de leur action demeure identique. Il s'agit, sous prétexte de défendre des principes généreux de justice sociale ou de démocratie, de s'emparer du pouvoir politique et économique, afin de pouvoir puiser dans la poche des Français de quoi mener le plus grand train possible.
J'aurai l'occasion de revenir sur cette situation, avec des arguments chiffrés et des preuves tangibles. Pour aujourd'hui, je me contenterai de l'étude d'un cas d'école de la propagande à laquelle ces individus se livrent pour dissimuler leurs forfaits.
Tout d'abord, les faits bruts. Souvenez-vous: en Dordogne, le 2 septembre 2004, au cours d'une visite de l'inspection du travail, deux fonctionnaires sont tués par un exploitant agricole.
En tant qu'être humain, libéral de surcroît, je suis d'avis que tout meurtre doit être puni sévèrement, sauf en cas de légitime défense. Mais, en vertu des lois de la République (si souvent invoquées par ceux-là mêmes qui les votent mais ne les appliquent guère), il ne m'appartient pas de juger ce meurtre. Je ne m'attache donc ici qu'à la critique des deux propagandes que ce fait brut a permis de développer. Je ne m'appuie sur l'article d'Acrimed, sans le critiquer, que pour citer les différents protagonistes.
A ma droite, Hervé Gaymard, à l'époque ministre de l'agriculture (et de ce fait grand argentier des milliards d'euros de subventions versés chaque année aux agriculteurs), qui déclare:
Confronté à des difficultés extrêmes, le monde agricole et rural réunit des acteurs divers, qui partagent un même amour de leur métier.
Ces difficultés sont confirmées par le maire de la cummune où a eu lieu le meurtre, qui a évoqué le fait que le meurtrier n'arrivait pas à vendre son exploitation et en avait "ras-le-bol". Le communiqué de la Coordination Rurale entonne, avec un accent digne de Lutte Ouvrière: "le désespoir des paysans spoliés de leurs droits...".
Ces déclarations ne visent pas uniquement à minimiser le meurtre, il s'agit surtout de mettre l'accent sur la situation difficile des agriculteurs. Ce faisant, on pourra justifier les copieuses aides publiques (environ 15 milliards d'euros, soit une centaine de milliards de francs par an) qui leur sont versées dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC) ou la mise en place de mesures protectionnistes visant à transformer la PAC en politique de soutien aux prix. Que l'on ne s'y trompe pas: dans tous les cas, il s'agit de permettre à l'état de se servir dans la poche des Français pour verser des aides aux paysans, sous des prétextes généreux tels que la "sauvegarde d'une agriculture de qualité" ou "pour permettre à l’agriculteur de vivre dignement de son travail".
Oui, vous avez bien lu! Le système qui nous a apporté la vache folle, les poulets en batterie, les nitrates en Bretagne, la viande aux hormones, etc... doit être sauvegardé par les aides publiques! Cela revient à dire à que, si on laissait faire le marché, il serait en voie de disparition. Quel aveu tout-de-même: la politique étatique faite de dirigisme, d'incitations, d'aides et de subventions mène les entreprises agricoles au désastre écologique et à la banqueroute! Nous les libéraux, nous n'avons jamais dit autre chose.
Et, alors que des millions de chômeurs, de RMIstes et de smicards ne parviennent pas à vivre décemment, ils doivent néanmoins payer des impôts pour que les paysans et leurs dignes représentants, à savoir les politiciens de droite, puissent vivre dignement! La redistribution obligatoire des pauvres vers les riches, voilà ce que l'on nous propose.
Mais, à ma gauche, il y a aussi grave, voire plus grave. Il y a la récupération sans vergogne de la mort de deux personnes afin de proposer une politique socialo-fasciste de contrôle par l'état des entreprises. A cet effet, Gérard Filoche, le grand ayatollah de l'inspection du travail a publié un livre, sobrement intitulé "On achève bien les inspecteurs du travail."
Je préfère vous prévenir tout de suite, il me faudra plus de temps pour effilocher la pensée socialiste du sieur Filoche, car elle est nettement plus hypocrite et subtile que celle de la droite (qui chausse encore les gros pataugas du gaullisme).
Pour M. Filoche, cet événement de Dordogne, pourtant le premier meurtre d'inspecteurs du travail en activité depuis 1892, est "un fait de société qui ouvre la porte à une situation tragique durable pour le respect des droits des salariés." Rien que cela!
N'ayant pas voulu financer par mon argent les desseins du parti socialiste auquel Gérard Filoche appartient, je n'ai pas lu ce livre et je me contente d'analyser les propos de son auteur, glanés ici et là sur Internet ou à la télé. La pensée de Filoche est à vrai dire quelque peu contradictoire. Par exemple, sur la Cinquième, au cours de l'émission "C dans l'Air", il se déclare partisan des 35h (imposition autoritaire d'un temps de travail hebdomadaire pour tous les salariés) tout en préconisant des mesures adaptées à chaque secteur d'activité.
S'agissant de l'inspection du travail, je relève la contradiction suivante.
Filoche déplore le meurtre de ces deux inspecteurs du travail et s'écrie "Plus jamais ça!". Fort bien, mais que propose-t-il pour éviter que ce meurtre se reproduise à l'avenir? Armer les inspecteurs du travail? J'en doute, même s'il mentionne (à regrets?) que ceux-ci ne sont pas armés. Il propose en fait d'augmenter les moyens mis à disposition de l'inspection du travail, notamment le nombre d'inspecteurs. Réfléchissons un peu à cette proposition, de façon pragmatique et non pas en alignant les "yakafaukon" ou les déclarations de bonne intention, comme le font si bien les hommes politiques (ce que Filoche est devenu).
Au total, il y a environ 1750 inspecteurs du travail en France. Pour la première fois depuis 1892, deux d'entre eux ont été tués au cours de leur service. De deux choses l'une: soit c'est un événement isolé qui n'a plus aucune chance de se reproduire, soit c'est un "fait de société" qui peut se reproduire. Dans le premier cas, vous serez d'accord qu'aucune mesure n'est nécessaire. Mais manifestement, Filoche pense que nous sommes dans le second cas et que, sous l'influence du Medef et du néo-libéralisme, les patrons voyous partent à la chasse aux inspecteurs du travail.
Par conséquent, si on écoute Filoche et si l'on augmente le nombre des inspecteurs du travail, toutes choses étant égales par ailleurs, il y aura en fait plus, et non pas moins, de morts. Simple calcul de probabilités.
Cela prouve que Filoche se sert de la mort de ces deux fonctionnaires comme un prêche pour sa propre paroisse, celle du socialisme, des inspecteurs du travail (qu'il était avant de devenir un hiérarque du PS) et plus généralement le contrôle des entreprises par l'état. Le but ultime de Filoche n'est pas d'augmenter le nombre des inspecteurs du travail, il est de contraindre toutes les entreprises à respecter scrupuleusement les lois du travail dont les inspecteurs du travail ne sont que les cerbères.
L'idée que le meilleur moyen de défendre les intérêts des salariés serait d'arrêter de les ponctionner et de les laisser s'organiser en syndicats ne le traverse même pas. Qu'on se le dise, seul l'inspecteur du travail, nouveau justicier qui devrait avoir le droit d'imposer par la force une réglementation idiote écrite par des individus qui n'ont pour ainsi dire jamais mis les pieds dans une entreprise, mérite sa considération.
Finalement, la seule différence entre l'étatisme de droite et l'étatisme de gauche, ce sont les noms des profiteurs.
<< Home