Avez-vous la fibre optique?
Il est dans la nature du pouvoir politique, démocratique ou pas, d'accroître sa main-mise sur tous les aspects de la société. La question n'est pas de savoir si l'état va chercher à s'emparer de tel ou tel aspect de la société, la question est de savoir quand l'état va chercher à en prendre le contrôle.
Posons-nous cette question au sujet d'Internet: quand l'état va-t-il chercher à prendre le contrôle d'Internet?
Comme vous le savez, Internet est un réseau numérique mondial. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est qu'Internet s'est developpé essentiellement grâce à des fonds et des entreprises privées. Tant qu'il était public (groso modo jusqu'en 1990), Internet a végété et se limitait à quelques universités et centres de recherche publics. Ce n'était pas un problème technologique: la technologie pour se connecter à Internet par le téléphone existait au moins depuis 1980 (date à laquelle je commence à m'intéresser à l'informatique, certains ordinateurs étaient déjà équipés de modems à l'époque), sans doute même avant. Au cours des années 70-80, de nombreux réseaux informatiques numériques couvrant l'ensemble des Etats-Unis, tels que Compuserve ou Bix, s'étaient développés. Par conséquent, Internet aurait pu exploser dès les années 80. Pourtant, ce ne fut le cas qu'à partir de 1990, lorsque la déreglementation des télécoms aux USA, la généralisation des ordinateurs personnels et les investissements de fournisseurs d'accès privés (tels qu'America On Line) rendirent possible les abonnements à Internet à un prix modéré.
Aujourd'hui, l'effondrement de la bulle Internet (considérée par certains comme une gabegie du néo-libéralisme, comme vous allez le voir) aiguise les appétits des hommes de l'état. Oui, si on laisse faire la démocratie et l'état, vous allez voir ce que vous allez voir, le monde entier pourra accéder à Internet, dans le respect des exigences citoyennes d'égalité et de fraternité. Le nouveau prophète de l'Internet d'état, j'ai nommé Jean-Michel Billaut, ci-devant conseiller auprès du sénateur-maire de Pau, nous apporte la bonne parole. Attention, je ne sais pas ce qu'on fume du côté de Pau, mais ce doit être de la bonne. Votre humble serviteur va donc se livrer à l'exégèse de ce texte capital pour les paradis virtuels.
Comme toute bonne fumette qui se respecte, les effets se font attendre un petit peu. Mais quand ça commence, attention les yeux, ça dépote. Les premiers paragraphes sont à peu près cohérents, jusqu'à la phrase "Bref, j’appelle cela de la gabegie." C'est le premier flash, le premier effet Kiss Cool de la beuh de la région de Pau: le développement d'Internet, caractérisé par la concurrence entre les entreprises (souvenez-vous par exemple de la rivalité entre Microsoft et Netscape), les fournisseurs d'accès (par le téléphone, le satellite et maintenant le câble ou l'ADSL) ne fut qu'une gigantesque gabegie!
Damned, c'est vrai que je n'avais jamais réalisé à quel point Cisco, Microsoft, America On Line sont d'énormes gabegies. Si Cisco et Microsoft avaient eu la clairvoyance d'écouter Jean-Michel Billaut, jamais leurs patrons, cadres et employés ne se seraient retrouvés ruinés et à la rue comme ils le sont actuellement. Je me demande pourquoi l'état français ne fait pas profiter les patrons américains de la faramineuse efficacité du groupe Bull, dont l'histoire s'inspire notablement des propositions du grand Marabout Mamadou Grankoko Billaut: contrôle par l'état, financement public par l'impôt, planification stratégique par les hommes politiques.
Suivent 4 paragraphes sur la technologie Ethernet. Le prophète Philippulus Billaut nous fait bénéficier de sa sagesse ancestrale: nous aurons bientôt tous besoin du 10 Giga Ethernet, c'est à dire d'une bande passante de 10 Gigabits/s. 10 Gigabits/s, cela fait 1,25 Go/s soit seulement 150 chaînes de télévision haute-définition en simultané. C'est vrai que 150 plans différents de la Star Academy en haute-définition (dont certains en contre-plongée sur les petites culottes doublées en fourrure des participantes), cela risque rapidement de ne pas suffire. Comme mon nouveau laptop n'est doté que d'un port Gigabit, que j'aurai tôt fait de saturer en téléchargeant tous les films d'Hollywood, des productions Marc Dorcel et surtout de l'intégrale Divx de la Star Academy (I, II, III et IV), je vais pouvoir attaquer son fabriquant en justice pour non-respect du principe de précaution.
Attention, à partir de là, les flashes prémonitoires se succèdent, entrecoupés d'éclairs de lucidité, tels un carrousel de pensées lubriques dans un pensionnat de jeunes filles prépubères ayant regardé l'émission spéciale de TF1 consacrée à David Charvet, brièvement interrompues par des moments de découragement ("non, il ne voudra pas de moi, je n'ai pas les seins aussi gros que ceux de Pamela Anderson.")
Par exemple, le fakir Ramana Chandrasekhar Billaut nous assène une vérité profonde, issue de générations de réflexions dans les ashram de la Vème République: "L’infrastructure dans une démocratie doit être publique." Pourquoi l'infrastructure et pas les carambars, les vélos ou les poils pubiens des filles de la Star'Ac, là je dois dire que j'ai un peu de mal à comprendre. Il semble que cela soit dû à l'émergence d'un nouveau droit, le "droit à la fibre", qui concernera bientôt toute la population (même ceux qui n'en veulent pas y auront droit, notez-bien). Seul un contrôle draconien de l'état sur l'infrastructure permettra l'égalité d'accès à la fibre optique. Quand je vous ai dit que c'est de la bonne, vous voyez bien que je ne plaisantais pas.
Malheureusement, ces idées extrèmement audacieuses (le coup du contrôle de l'état pour assurer l'égalité d'accès et éviter les monopoles et les dictatures, on ne nous l'avait fait que 254 fois ce mois-ci) sont massacrées par des retours inopinés sur Terre: "Si tel n’était pas le cas, il nous faudrait être logiques avec nous-mêmes et vendre nos routes à un consortium privé. " Ca, c'est exactement ce que ces enflures de néo-libéraux viennent de faire, en privatisant ASF! Damned, le ver du néo-libéralisme est partout, même dans les routes. Et dire qu'Al gore a inventé les Autoroutes de l'Information, lui aussi avait dû fumer de l'herbe à vache de Pau ce jour-là.
Attention, ce n'est pas fini. La redescente à l'état normal est certaine mais lente, donc il y a encore de beaux restes dans le délire. Le Messie Iesus Nazarethas Billaut nous annonce rien moins que la troisième révolution, une grande soupe aux technologies de l'information, aux nano-technologies, aux énergies renouvelables, à la robotique humanoïde... Il manque la génétique calculatoire, la cybernétique statistique et le sexe virtuel, cela aurait sans doute rendu la soupe indigeste. Au passage, tenez-vous bien, entre la première révolution (l'agriculture il y a 10000 ans) et la seconde révolution (l'industrie il y a 250 ans), un seul événement notable s'est produit: l'invention de l'imprimerie. Au placard, la boussole, la poudre, les sciences, le harnais de corps et d'autres inventions sans grande importance finalement. L'important n'est pas là, l'important est dans un signal politique fort, afin de faire redémarrer la France (je suis plié de rire en écrivant cela). Je vous jure que je ne l'invente pas: il nous faut un de Gaulle des technologies de l'information, un "New Deal" de la fibre optique, un Plan Marshall de l'Internet. Oser regarder le futur d'Internet avec les bésicles de Franklin Delano Roosevelt ou le lorgnon de de Gaulle, il fallait quand même le faire.
Vous me direz: où tout cela nous mène-t-il? On voit bien que vous ne comprenez rien à la grande politique républicaine et démocratique du 21ème siècle. De même qu'un drogué à la GHB de synthèse de 2005 est le même qu'un drogué à l'héroine de 1975 ou un drogué à l'opium de 1880, un homme politique reste un homme politique, à toutes les époques. Tout cela nous mène à ... à ... je vous le donne en mille, tout cela nous mène à une augmentation des impôts. De seulement 15 milliards d'euros sur 30 ans, soit la bagatelle de 3 milliards de francs par an, sous la forme d'un abonnement (obligatoire je précise) a une fibre optique. Précisons que le derviche tourneur Ahmad Alim Ben Billaut n'a strictement aucune, mais alors-là aucune, mais vraiment aucune (main sur le coeur, juré mordicus, craché par terre) intention de récupérer une partie de cet argent pour lui-même.
Malheureusement, je manque de l'expérience et du discernement du philosophe Confucius Lao-Tseu Billaut. Il me semble néanmoins me souvenir que, dans les années 70-80, le gouvernement français avait lancé plusieurs plans destinés à relancer l'industrie de l'information en France: le plan calcul, le plan informatique-pour-tous et surtout le plan-câble, un plan de câblage de toute la France en fibre optique: 25 milliards de francs dépensés en pure perte.
Ce gaspillage, financé in fine par le contribuable, doit faire partie de cette gabegie du néo-libéralisme que Jean-Michel Billaut veut éviter à l'avenir. Encore un effet de l'herbe à chats de la région de Pau, qu'il serait intéressant de faire analyser pour déterminer la cause d'effets si bénéfiques sur la clairvoyance et la capacité à prévoir l'avenir.
Alleluiah, la fibre optique est la solution au chômage, au désenchantement de la jeunesse et à l'herpès buccal et Jean-Michel Billaut est son prophète.
Posons-nous cette question au sujet d'Internet: quand l'état va-t-il chercher à prendre le contrôle d'Internet?
Comme vous le savez, Internet est un réseau numérique mondial. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est qu'Internet s'est developpé essentiellement grâce à des fonds et des entreprises privées. Tant qu'il était public (groso modo jusqu'en 1990), Internet a végété et se limitait à quelques universités et centres de recherche publics. Ce n'était pas un problème technologique: la technologie pour se connecter à Internet par le téléphone existait au moins depuis 1980 (date à laquelle je commence à m'intéresser à l'informatique, certains ordinateurs étaient déjà équipés de modems à l'époque), sans doute même avant. Au cours des années 70-80, de nombreux réseaux informatiques numériques couvrant l'ensemble des Etats-Unis, tels que Compuserve ou Bix, s'étaient développés. Par conséquent, Internet aurait pu exploser dès les années 80. Pourtant, ce ne fut le cas qu'à partir de 1990, lorsque la déreglementation des télécoms aux USA, la généralisation des ordinateurs personnels et les investissements de fournisseurs d'accès privés (tels qu'America On Line) rendirent possible les abonnements à Internet à un prix modéré.
Aujourd'hui, l'effondrement de la bulle Internet (considérée par certains comme une gabegie du néo-libéralisme, comme vous allez le voir) aiguise les appétits des hommes de l'état. Oui, si on laisse faire la démocratie et l'état, vous allez voir ce que vous allez voir, le monde entier pourra accéder à Internet, dans le respect des exigences citoyennes d'égalité et de fraternité. Le nouveau prophète de l'Internet d'état, j'ai nommé Jean-Michel Billaut, ci-devant conseiller auprès du sénateur-maire de Pau, nous apporte la bonne parole. Attention, je ne sais pas ce qu'on fume du côté de Pau, mais ce doit être de la bonne. Votre humble serviteur va donc se livrer à l'exégèse de ce texte capital pour les paradis virtuels.
Comme toute bonne fumette qui se respecte, les effets se font attendre un petit peu. Mais quand ça commence, attention les yeux, ça dépote. Les premiers paragraphes sont à peu près cohérents, jusqu'à la phrase "Bref, j’appelle cela de la gabegie." C'est le premier flash, le premier effet Kiss Cool de la beuh de la région de Pau: le développement d'Internet, caractérisé par la concurrence entre les entreprises (souvenez-vous par exemple de la rivalité entre Microsoft et Netscape), les fournisseurs d'accès (par le téléphone, le satellite et maintenant le câble ou l'ADSL) ne fut qu'une gigantesque gabegie!
Damned, c'est vrai que je n'avais jamais réalisé à quel point Cisco, Microsoft, America On Line sont d'énormes gabegies. Si Cisco et Microsoft avaient eu la clairvoyance d'écouter Jean-Michel Billaut, jamais leurs patrons, cadres et employés ne se seraient retrouvés ruinés et à la rue comme ils le sont actuellement. Je me demande pourquoi l'état français ne fait pas profiter les patrons américains de la faramineuse efficacité du groupe Bull, dont l'histoire s'inspire notablement des propositions du grand Marabout Mamadou Grankoko Billaut: contrôle par l'état, financement public par l'impôt, planification stratégique par les hommes politiques.
Suivent 4 paragraphes sur la technologie Ethernet. Le prophète Philippulus Billaut nous fait bénéficier de sa sagesse ancestrale: nous aurons bientôt tous besoin du 10 Giga Ethernet, c'est à dire d'une bande passante de 10 Gigabits/s. 10 Gigabits/s, cela fait 1,25 Go/s soit seulement 150 chaînes de télévision haute-définition en simultané. C'est vrai que 150 plans différents de la Star Academy en haute-définition (dont certains en contre-plongée sur les petites culottes doublées en fourrure des participantes), cela risque rapidement de ne pas suffire. Comme mon nouveau laptop n'est doté que d'un port Gigabit, que j'aurai tôt fait de saturer en téléchargeant tous les films d'Hollywood, des productions Marc Dorcel et surtout de l'intégrale Divx de la Star Academy (I, II, III et IV), je vais pouvoir attaquer son fabriquant en justice pour non-respect du principe de précaution.
Attention, à partir de là, les flashes prémonitoires se succèdent, entrecoupés d'éclairs de lucidité, tels un carrousel de pensées lubriques dans un pensionnat de jeunes filles prépubères ayant regardé l'émission spéciale de TF1 consacrée à David Charvet, brièvement interrompues par des moments de découragement ("non, il ne voudra pas de moi, je n'ai pas les seins aussi gros que ceux de Pamela Anderson.")
Par exemple, le fakir Ramana Chandrasekhar Billaut nous assène une vérité profonde, issue de générations de réflexions dans les ashram de la Vème République: "L’infrastructure dans une démocratie doit être publique." Pourquoi l'infrastructure et pas les carambars, les vélos ou les poils pubiens des filles de la Star'Ac, là je dois dire que j'ai un peu de mal à comprendre. Il semble que cela soit dû à l'émergence d'un nouveau droit, le "droit à la fibre", qui concernera bientôt toute la population (même ceux qui n'en veulent pas y auront droit, notez-bien). Seul un contrôle draconien de l'état sur l'infrastructure permettra l'égalité d'accès à la fibre optique. Quand je vous ai dit que c'est de la bonne, vous voyez bien que je ne plaisantais pas.
Malheureusement, ces idées extrèmement audacieuses (le coup du contrôle de l'état pour assurer l'égalité d'accès et éviter les monopoles et les dictatures, on ne nous l'avait fait que 254 fois ce mois-ci) sont massacrées par des retours inopinés sur Terre: "Si tel n’était pas le cas, il nous faudrait être logiques avec nous-mêmes et vendre nos routes à un consortium privé. " Ca, c'est exactement ce que ces enflures de néo-libéraux viennent de faire, en privatisant ASF! Damned, le ver du néo-libéralisme est partout, même dans les routes. Et dire qu'Al gore a inventé les Autoroutes de l'Information, lui aussi avait dû fumer de l'herbe à vache de Pau ce jour-là.
Attention, ce n'est pas fini. La redescente à l'état normal est certaine mais lente, donc il y a encore de beaux restes dans le délire. Le Messie Iesus Nazarethas Billaut nous annonce rien moins que la troisième révolution, une grande soupe aux technologies de l'information, aux nano-technologies, aux énergies renouvelables, à la robotique humanoïde... Il manque la génétique calculatoire, la cybernétique statistique et le sexe virtuel, cela aurait sans doute rendu la soupe indigeste. Au passage, tenez-vous bien, entre la première révolution (l'agriculture il y a 10000 ans) et la seconde révolution (l'industrie il y a 250 ans), un seul événement notable s'est produit: l'invention de l'imprimerie. Au placard, la boussole, la poudre, les sciences, le harnais de corps et d'autres inventions sans grande importance finalement. L'important n'est pas là, l'important est dans un signal politique fort, afin de faire redémarrer la France (je suis plié de rire en écrivant cela). Je vous jure que je ne l'invente pas: il nous faut un de Gaulle des technologies de l'information, un "New Deal" de la fibre optique, un Plan Marshall de l'Internet. Oser regarder le futur d'Internet avec les bésicles de Franklin Delano Roosevelt ou le lorgnon de de Gaulle, il fallait quand même le faire.
Vous me direz: où tout cela nous mène-t-il? On voit bien que vous ne comprenez rien à la grande politique républicaine et démocratique du 21ème siècle. De même qu'un drogué à la GHB de synthèse de 2005 est le même qu'un drogué à l'héroine de 1975 ou un drogué à l'opium de 1880, un homme politique reste un homme politique, à toutes les époques. Tout cela nous mène à ... à ... je vous le donne en mille, tout cela nous mène à une augmentation des impôts. De seulement 15 milliards d'euros sur 30 ans, soit la bagatelle de 3 milliards de francs par an, sous la forme d'un abonnement (obligatoire je précise) a une fibre optique. Précisons que le derviche tourneur Ahmad Alim Ben Billaut n'a strictement aucune, mais alors-là aucune, mais vraiment aucune (main sur le coeur, juré mordicus, craché par terre) intention de récupérer une partie de cet argent pour lui-même.
Malheureusement, je manque de l'expérience et du discernement du philosophe Confucius Lao-Tseu Billaut. Il me semble néanmoins me souvenir que, dans les années 70-80, le gouvernement français avait lancé plusieurs plans destinés à relancer l'industrie de l'information en France: le plan calcul, le plan informatique-pour-tous et surtout le plan-câble, un plan de câblage de toute la France en fibre optique: 25 milliards de francs dépensés en pure perte.
Ce gaspillage, financé in fine par le contribuable, doit faire partie de cette gabegie du néo-libéralisme que Jean-Michel Billaut veut éviter à l'avenir. Encore un effet de l'herbe à chats de la région de Pau, qu'il serait intéressant de faire analyser pour déterminer la cause d'effets si bénéfiques sur la clairvoyance et la capacité à prévoir l'avenir.
Alleluiah, la fibre optique est la solution au chômage, au désenchantement de la jeunesse et à l'herpès buccal et Jean-Michel Billaut est son prophète.
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