vendredi, décembre 09, 2005

Jeunes à l'exterieur, vieux en dedans, voici les hommes politiques

En écoutant Breton et DSK deviser sur la dette, je me suis fait une réflexion. Telle le portrait de Dorian Gray, la dette est le secret des hommes politiques: un visage horrible qu'ils ne doivent montrer à personne car il porte les stigmates du vieillissement de leur politique, alors qu'ils la voudraient toujours nouvelle, toujours jeune.

Grâce à la dette, les étatistes ont pu donner l'illusion qu'ils étaient modernes, dans le vent. Vive l'école publique, vivent les services publics, vivent les acquis sociaux! Vous les libéraux, vous êtes archaïques avec votre étalon-or, vos libertés économiques, votre volonté de toujours réduire l'Etat pour payer moins d'impôts. Ce sont là de vieilles théories du XIXème siècle. Le libéralisme, c'est totally has been, coco! L'état démocratique a le devoir moral de s'occuper de tous, même si ça coute cher. On paiera plus tard. Le crédit, c'est moderne! Tout le monde s'endette pour pouvoir consommer. Consommer, ça crée des emplois et en plus cela prépare l'avenir.

Voilà que le visage hideux de Dorian Gray, en version vieux, se fait jour. Tel un pacte de sang signé avec le Diable, la dette se rappelle au bon souvenir de ses bienfaiteurs. Et l'homme politique doit trouver une solution pour faire disparaître son mauvais double. "Il faut dire la vérité aux Français", prévient Breton. "Il faut réduire les déficits", annone DSK. Cela ressemble nettement à du radotage. Tant d'hommes politiques se sont succédés en promettant de dire la vérité et de réduire les déficits! Eclatante de jeunesse à l'écran, cette politique est en fait vieille à l'intérieur.

Mais la démocratie a ses nécessités. Les journalistes du service public n'ont pas envie de voir se réduire les subventions à France Télévisions. Qui sait, on pourrait leur sucrer leurs tickets de cantine ou leur place de parking. C'est vrai, ce n'est pas toujours aux mêmes de se sacrifier, quoi! Alors laissons le faux-jeune DSK présenter son programme. "Il faut créer de nouveaux services publics, par exemple pour la petite enfance." Ha ha ha, sacré DSK, toujours le mot pour rire! C'est vrai que l'on manque de services publics. Entre la maternité et l'école maternelle, il y a encore un certain laps de temps où le futur citoyen, dûment muni des ses couches-culotte, n'est pas complètement pris en charge par l'état. Une question brûle peut-être les lèvres du journaliste: "pourquoi faire et surtout, comment le financer? Puisque l'on vient de vous dire que l'état est déjà surendetté?" Mais le journaliste de France Télévisions est un vieux briscard qui sait s'écraser devant son futur maître. Alors il sourit d'un air entendu: "Un service public de la petite enfance? Comme c'est original, comme c'est jeune, comme cela va favoriser la natalité". On paiera plus tard, quand ces futurs citoyens d'élite, si bien préparés par un état prévoyant, seront enfin devenus productifs.

Pour réduire les déficits d'ici là, DSK a tout de même prévu d'augmenter les impôts. "Et les impôts, cela finance les services publics, donc c'est bon pour la croissance", nous dit-il. Plus on paie des impôts, mieux c'est? Hmmm, nous avons un doute. Mais ce n'est pas grave, DSK, les impôts aussi on les paiera plus tard. Après tout, arrivé à un certain âge, on est en droit de dire: après nous, le déluge!