lundi, février 28, 2005

Le Liban, centre du Monde et pourtant si seul.

Depuis deux semaines, je lis le plus d'informations possibles sur le Liban.

Je suis d'un naturel plutôt pessimiste, mais les choses ne se présentent guère favorablement.

Le leader de la Syrie, Bachar El-Hassad, se livre à un certain nombre de menaces voilées contre Israel et les Etats-Unis: Irak, processus de paix, terrorisme. Il est très clair maintenant que l'assassinat de Hariri n'était qu'une preuve de la force du régime syrien, destinée à exhiber sa capacité de nuisance et à décourager toute velléité, libanaise ou étrangère, de s'opposer à Damas. La Syrie est manifestement déterminée à rester au Liban et ce ne sont pas les rodomontades de Bush ou de Chirac qui y changeront quelque chose.

Il semble que le Hezbollah, qui joue un rôle très important dans la politique libanaise (qui est encore plus complexe que la politique française, c'est dire), s'est rangé aux côtes de la Syrie et de l'Iran, ses bailleurs de fonds.

Les Etats-Unis, impuissants militairement et englués en Irak, se contentent de voeux pieux. Comme je l'ai lu, les Etats-Unis parlent fort mais n'ont plus qu'un tout petit bâton de rien du tout. L'envoyé du gouvernement américain a dû déplacer un rendez-vous avec un leader sunnite, car une "vingtaine" (c'est à dire une demi-douzaine) d'hommes armés s'étaient montrés. Le Liban n'a pas de pétrole et ne présente qu'un intérêt secondaire. Idem pour la France, qui s'en fout de toute façon. Chirac a sans doute passé plus de temps au salon de l'agriculture qu'à Beyrouth. Les manifestations de la Place des Martyrs font 15s (j'exagère, disons 12s) au journal de 20h.

Les sanctions économiques sont d'avance vouées à l'échec. Comment surveiller la frontière Syrienne en Turquie, au Liban et en Irak, dans une région où l'on fait de la contrebande de père en fils?

Les Libanais sont donc seuls.

Soit les manifestations restent pacifiques et elles obtiendront au mieux le départ du gouvernement actuel (qui n'est qu'un fusible pour Damas de toute façon) et un mince retrait de quelques soldats syriens. Le gouvernement sera bien vite remplacé par un autre, peut-être moins accomodant pour Damas au début mais qui n'aura pas les moyens (notamment militaires) de s'opposer durablement au "grand frère" syrien.

Soit les choses dégénèrent (affrontements avec le Hezbollah, échauffourrées, etc...) et les Libanais obtiendront à peu près la même chose, avec quelques centaines (ou milliers) de morts en plus et un vrai risque du retour de la guerre.

Bref, la situation est, au mieux, grippée et, au pire, en voie de dégénérescence. L'espoir est mince. Personnellement, je n'en vois pas.